Le marché canadien de la bière artisanale a encore de l'espace pour croître, même si celui des États-Unis commence à s'essouffler, a estimé mercredi le grand patron de Molson Coors Canada.

Les bières artisanales représentent environ 6 % du volume total des ventes au Canada, soit environ moitié moins qu'aux États-Unis, a ajouté le brasseur.

Selon l'association nationale des brasseurs des États-Unis, la croissance de 6 % des ventes américaines de bières artisanales a continué à surpasser celle des marques grand public l'an dernier, mais elle est en baisse par rapport à sa cadence de plus de 10 % des années précédentes.

Mais le chef de la direction de Molson Coors Canada, Fred Landtmeters, a dit ne pas s'attendre à observer une telle croissance au Canada parce son marché n'est pas aussi développé que celui des États-Unis.

«Je vois toujours une possibilité de croissance pour les bières artisanales en tant que segment du marché total de la bière au Canada, et les récentes tendances le confirment», a-t-il déclaré après l'assemblée annuelle des actionnaires de Molson Coors.

Les bières artisanales représentaient 22 %, soit 23,5 milliards US, des ventes américaines de bière l'an dernier, selon l'association nationale des brasseurs des États-Unis.

Au Canada, la maturité du marché des bières artisanales varie d'une province à l'autre.

En Ontario, par exemple, le secteur des bières artisanales a affiché une croissance de plus de 13 % par année depuis environ cinq ans, générant des ventes d'environ 240 millions en 2015, selon l'association des brasseurs de l'Ontario.

Molson Coors vend les marques de bière artisanale Creemore Springs, Granville Island et Belgian Moon au Canada, et il détient une participation dans Brasseurs de Montréal. Aux États-Unis, Molson Coors fait la promotion de la Blue Moon comme de la plus grande des bières artisanales du marché, au sein d'un portefeuille d'autres marques acquises sur plusieurs années.

Le chef de la direction de Molson Coors, Mark Hunter, a expliqué que le brasseur continuait de garder un oeil sur de nouvelles cibles d'acquisitions pour compléter son offre.

«En tant qu'entreprise, nous évaluons plusieurs occasions», a-t-il affirmé.

Selon M. Hunter, le taux de croissance des bières artisanales a ralenti aux États-Unis ces 18 derniers mois parce que le marché est sursaturé d'options, ce qui oblige les détaillants à retirer certains choix de bières de leurs tablettes.

«Les gens voulaient des bières artisanales, mais il y avait tout simplement trop de choix et c'était presque envahissant pour le consommateur», a expliqué Britanny Weissman, une analyste du secteur de la bière pour la firme Edward Jones.

Alors que de nouvelles bières artisanales semblent débarquer sur le marché américain chaque semaine, il est un peu plus compliqué de faire démarrer un nouveau brasseur au Canada. Ceci est notamment attribuable à la réglementation et aux difficultés liées à la distribution interprovinciale, a-t-elle poursuivi.

M. Hunter a aussi indiqué aux actionnaires de Molson Coors qu'une décision serait prise dans les 10 à 12 prochaines semaines au sujet d'un déménagement ou d'une modernisation de son usine montréalaise de 231 ans.

Même si l'option d'un déménagement devait être retenue, comme ce fut le cas à Vancouver, le brasseur a l'intention de conserver des activités de microbrasserie et de ventes à son site historique près du Vieux-Montréal. Le reste de l'installation serait vendu pour être redéveloppé sous l'égide de la Ville.