Des fournisseurs du groupe Loblaw (Provigo, Maxi, Pharmaprix, etc.) ont reçu une lettre leur annonçant qu'une « déduction de 1,45 % » sera appliquée sur tous leurs envois « reçus le ou après le 4 septembre 2016 ». Une décision mal accueillie par les manufacturiers québécois.

Le géant ontarien souhaite ainsi « combattre l'inflation en alimentation », fait-il valoir. Il ne précise pas, dans sa missive, s'il réduira lui aussi ses marges de profit pour baisser ses prix de détail.

La porte-parole pour le Québec, Johanne Héroux, n'a pas voulu donner de détails sur ces « baisses de prix » dont pourraient bénéficier les consommateurs. Seront-elles similaires à celles annoncées par Sobeys (de 5 à 7 %) le printemps dernier ? Toucheront-elles toutes les catégories ? Seront-elles en partie financées par Loblaw ?

CONSÉQUENCES DRAMATIQUES ?

Tout en reconnaissant la noblesse de la cause, les transformateurs s'inquiètent des conséquences de telles coupes dans le contexte du recul du huard et de l'augmentation du coût des intrants. La PDG du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), Sylvie Cloutier, craint même « des ventes d'entreprises, des fermetures » et des pertes d'emplois. En moyenne, au Canada, la marge de profit des manufacturiers est de 10-11 %, selon le CTAC.

« Au Québec, ça pourrait avoir un impact dramatique », a-t-elle confié à La Presse, surtout si tous les manufacturiers, même les relativement petits, étaient visés par cette amputation de 1,45 %. La lettre de Loblaw ne s'adresse cependant qu'aux « plus importants fournisseurs ».

La porte-parole de Loblaw n'a pas voulu dire combien de fournisseurs l'avaient reçue, ni s'il y avait des catégories particulières de fournisseurs visées (non-périssable, viande, fruits et légumes, etc.).

HAUSSES DE PRIX « INJUSTIFIÉES »

Sans mettre de gants, Loblaw précise dans sa lettre que, depuis 2014, ses fournisseurs lui ont refilé des hausses de coûts « de plus d'un milliard de dollars ».

L'entreprise ajoute qu'elle est particulièrement préoccupée par le fait que, depuis octobre, elle a « continué à recevoir des demandes de hausses de prix injustifiées » qui auraient totalisé « des centaines de millions de dollars », selon ses calculs.

« Nous pensons que le fardeau de l'inflation doit être transféré [du consommateur aux fournisseurs] », mentionne la lettre datée du 5 juillet et cosignée par un vice-président de Loblaw et le président de Shoppers Drug Mart (Pharmaprix).

« Si vous continuez de nous livrer votre marchandise après le 4 septembre, nous allons assumer que nous avons votre appui », conclut Loblaw.