Le contenu de nos assiettes a changé dans la dernière année en raison du bond spectaculaire du prix des fruits (+11%) et des légumes (+14%). Deux personnes sur trois se sont en effet privées d'acheter certains végétaux, les jugeant inabordables, révèle un sondage réalisé par l'Université Dalhousie et l'Université de Guelph et dévoilé aujourd'hui.

LE LUXE D'UN CHOU-FLEUR

Le chou-fleur, dont on a tant parlé, est évidemment LE légume qui a été le plus souvent boudé par les consommateurs. À 9,00 $, dans le temps des Fêtes, c'était de toute évidence devenu un produit de luxe. Ainsi, parmi ceux qui se sont retenus d'acheter des fruits et légumes en raison de leur prix élevé, 48 % ont mentionné s'être privés de chou-fleur. « Cela est intéressant, car la volatilité du prix du chou-fleur n'a pas été plus grande que celle d'autres légumes », notent les auteurs de l'étude, qui croient que la médiatisation de la crucifère y est pour quelque chose.

AUTRES VICTIMES VÉGÉTALES

Le brocoli arrive au deuxième rang des fruits et légumes le plus souvent délaissés, 27 % des consommateurs ayant renoncé au moins une fois à en mettre dans leur chariot. Viennent ensuite la laitue (22 %), les oranges (17 %) et les pommes (16 %). Plus de 26 % des répondants ont par ailleurs réduit leur consommation de fruits et légumes dans la dernière année, comme l'a révélé La Presse mercredi dernier. Sans surprise, les ménages à plus faible revenu ont davantage réduit leurs achats de végétaux.

SURGELÉS POUR CONTRER LA FLAMBÉE

On s'en doutait, les supermarchés l'ont dit et le sondage le confirme : les consommateurs se sont tournés vers les légumes congelés. Quelque 45 % affirment en avoir acheté (ou avoir considéré la possibilité d'en acheter) pour réduire leur facture d'épicerie.

POUSSÉE DES PRIX INJUSTIFIÉE ?

C'est ce que croient plus de 39 % des répondants. « Ce résultat est beaucoup plus élevé que prévu », ont commenté les auteurs de l'étude. Une proportion similaire n'avait pas d'opinion sur le sujet, tandis que 22 % jugeaient les hausses de prix justifiées.

On se rappellera que les mauvaise conditions météo attribuables au phénomène El Niño, en Californie, en Floride, au Mexique et dans divers pays d'Amérique du Sud, a détruit ou reporté des récoltes. En outre, la valeur du dollar canadien a dégringolé de façon particulièrement abrupte, rendant les importations plus coûteuses. « Plus de 80 % des fruits et légumes consommés au Canada sont importés », rappellent les auteurs de la recherche.

INFORMATION EN MAGASIN

Une majorité de consommateurs (59 %) regardent le prix des aliments une fois rendus au magasin. Les auteurs notent que ceux-ci étaient plus susceptibles de réduire la consommation de fruits et légumes que ceux qui font quelques recherches préalables à leurs emplettes.

C'est le cas d'environ 30 % des répondants, qui regardent les prix dans les circulaires (21 %), sur une application mobile (5 %) ou sur le web (3 %). Seulement 11 % des consommateurs ne regardent pas les prix de ce qu'ils achètent.

* Le sondage a été réalisé en ligne par l'Université Dalhousie et le Food Institute de l'Université de Guelph, du 12 au 24 mai, auprès de 1007 adultes à travers le Canada. Les trois auteurs du rapport sont le professeur Sylvain Charlebois (Dalhousie), Maggie McCormick (Guelph) et Liane Foti (Guelph).