La production du veau de lait au Québec est-elle en péril? C'est ce que craignent les éleveurs qui vont perdre leur assurance stabilisation dès le début de l'année prochaine.

«Les producteurs sont sous le choc, dit Jean-Philippe Deschênes-Gilbert, directeur général de la Fédération des producteurs de bovins du Québec. Ils perdent une sécurité qu'ils ont depuis une trentaine d'années.»

Au Québec, une partie de la production agricole est admissible à l'ASRA, l'Assurance stabilisation des revenus agricoles.

La Financière agricole, qui gère ce programme, a annoncé la semaine dernière qu'elle retirait l'ASRA pour les éleveurs de veaux de lait du Québec à partir du 31 décembre 2015.

Comme son nom l'indique, l'ASRA vise à stabiliser les revenus des agriculteurs. Si le prix de vente de la viande est en deçà de son coût de production, l'éleveur assuré recevra une compensation. Les marchés agricoles étant volatils et ultrasensibles aux imprévus, cette assurance est essentielle dans certains secteurs.

Ce n'est que la deuxième fois que la Financière retire sa précieuse assurance à des agriculteurs. La première concernait des producteurs de betteraves dans les années 80.

Comment expliquer cette décision?

Il a été impossible d'établir d'une manière objective le coût de production et le prix de vente de cette viande, explique le porte-parole de la Financière agricole, Louis-Pierre Ducharme. Ce secteur est dans une situation unique, poursuit-il, étant donné que les producteurs sont très majoritairement regroupés au sein de deux entreprises, Écolait et Délimax, qui contrôlent la production de l'alimentation de la vache jusqu'à l'abattage.

«Sans cette assurance, ça va être très difficile pour les producteurs de trouver du financement et d'assurer la pérennité de leurs entreprises», dit André Blais, directeur du développement et de la commercialisation chez Délimax. M. Blais croit aussi que d'autres secteurs pourraient être indirectement touchés par cette mesure, notamment les producteurs laitiers qui vendent leurs animaux aux producteurs de veaux et le lait pour les nourrir. Il craint également que d'autres agriculteurs ne soient dans la mire de la Financière agricole.

Il y a 150 fermes de veaux de lait au Québec. Chacune produit en moyenne 777 bêtes par année.

Les producteurs sont admissibles à d'autres programmes d'assurance qui pourront adéquatement soutenir le secteur, en particulier les producteurs indépendants, estime la Financière agricole. Les éleveurs espèrent plutôt avoir des programmes transitoires précis.

Compensation ASRA versée aux producteurs de veaux de lait en 2014. Généralement, les producteurs paient environ le tiers des cotisations totales au fonds de l'ASRA.