En restructurant ses activités, l'abbaye a réussi à stabiliser ses parts de marché dans le secteur des fromages fins.

Les moines de Saint-Benoît-du-Lac se spécialisent dans la production artisanale de fromage, certes, mais cela ne veut pas dire qu'ils s'opposent à la modernité. Au contraire, ils ont investi quelque 600 000$ au cours des 3 dernières années pour réaménager la fromagerie construite en 1945 et acquérir de nouveaux équipements.

L'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac a aussi innové en 2013 en lançant quatre nouveaux fromages: le Benedictus - un gruyère à pâte ferme -, le Bleu fumé, le Bleu extra-fort et le Fontina fumé. Ces produits commencent à faire leur place dans les épiceries québécoises.

Les fromages fumés obtiennent déjà la faveur des consommateurs de l'Ontario et de l'Ouest canadien. Le Fontina fumé a d'ailleurs remporté le prix du «Meilleur nouveau fromage» au Concours des fromages fins canadiens, en avril dernier.

Longue restructuration

Tous ces changements surviennent dans la foulée d'une longue restructuration des activités de la fromagerie qui a débuté en 2011.

«Au fil des années, la production a grossi, mais notre structure est demeurée celle d'une petite fromagerie. Nous n'avions plus le choix», affirme le frère Patrick Flageole, directeur de la fromagerie

La restructuration a permis aux moines bénédictins de stabiliser leurs parts de marché dans le secteur des fromages fins, réputé pour être très compétitif.

Le portrait n'est pas tout rose cependant: la période de renouveau a généré un fort mécontentement chez certains employés laïcs. Il y a eu quelques démissions et congédiements, et même des rumeurs voulant que l'abbaye soit vendue. Le porte-parole de la communauté des moines, Daniel Nadeau, tient à rectifier les faits. «La communauté de l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac est en très bonne santé financière et elle est là pour rester longtemps», affirme-t-il, citant les paroles du père supérieur Dom André Laberge.

L'arrivée des fromages européens inquiète

Comme beaucoup d'autres fromagers, le frère Flageole craint l'arrivée massive des fromages européens à faible prix sur le marché canadien qui suivra la ratification de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne. «Nous comptons sur la qualité de nos produits, faits à partir de lait entier, et de notre réputation pour nous distinguer», dit-il.

Dans l'immédiat, les moines se concentrent sur la construction de leur station d'épuration d'eau, qui devrait être fonctionnelle en septembre. Le projet de 3,5 millions permettra de mieux traiter les eaux usées de la fromagerie.

À peu près au même moment devrait réapparaître sur les tablettes le fromage en grains très apprécié de l'abbaye. «Nous avions cessé d'en produire il y a un an, car notre matériel était désuet, indique le frère Flageole. Mais devant la demande insistante de nos clients, nous nous sommes mis à la recherche d'un hachoir et d'un bassin pour nous y remettre!»

LA FROMAGERIE DE L'ABBAYE EN CHIFFRES

1943

Année de création du premier fromage de l'Abbaye, le fameux Bleu Ermite

300 000

Nombre de kilos de fromage produits par année

De 30 à 35$

Variation du prix au kilo selon la variété de fromage (prix de la boutique de l'Abbaye et de certains points de vente)

12

Nombre de fromages créés par les moines