Les prix du café ont bondi mardi à leur plus haut niveau depuis plusieurs mois, à cause du temps anormalement sec au Brésil, premier producteur et exportateur mondial, qui risque d'amoindrir la prochaine récolte.

L'arabica, l'espèce qui constitue les trois quarts de la production brésilienne, a ainsi atteint mardi un plus haut depuis mi-mai 2013, à 137,95 cents la livre à New York.

C'est un bond de 23% en une semaine et de 36% depuis son plus bas en sept ans atteint en novembre dernier (100,95 cents).

Le robusta, considéré de moins bonne qualité que l'arabica, a lui aussi été dopé, touchant mardi un maximum depuis six mois, à 1905 dollars la tonne à Londres.

«La forte hausse des prix est due à l'un des plus chauds et des plus secs étés qu'ait connus le Brésil de mémoire d'homme, certaines parties du pays souffrant de niveaux de précipitations au plus bas depuis les années 1940», explique à l'AFP Edward George, directeur de la recherche sur les matières premières alimentaires chez Ecobank.

L'État brésilien du Minas Gerais, où se trouve la grande majorité des cultures caféières du pays, est particulièrement touché par ce temps anormalement sec, alors que les fruits des caféiers sont en pleine maturation pour être récoltés à partir d'avril.

«On craint que cette vague de sécheresse n'endommage la croissance des cerises de café, ce qui donnerait une plus grande quantité de petites graines de moindre qualité tout en limitant la croissance des arbres avant la prochaine récolte», précise M. George.

Du coup, «les prévisions optimistes d'une récolte (brésilienne) totalisant 60 millions de sacs (de 60 kilos) sont difficilement tenables sauf si le temps change très prochainement», préviennent les économistes de Commerzbank.

Plusieurs analystes prévoyaient en effet une nouvelle récolte record au Brésil pour la saison 2013/2014, alors que le pays a déjà connu la saison dernière une récolte historique pour une année creuse de son cycle biennal de culture caféière (49,15 millions de sacs).

La hausse des prix du café de ces derniers jours a donc été accentuée par le fait que beaucoup d'opérateurs, qui pariaient auparavant sur un approfondissement de la baisse des cours, ont été obligés de changer brusquement leur stratégie.

Ainsi, «les fonds (d'investissement) étaient positionnés à découvert et ont dû se couvrir», confirme à l'AFP James Hearn, chef des matières premières agricoles chez le courtier Marex Spectron.

Jusqu'ici, la majorité des participants du marché étaient pessimistes quant à l'évolution des prix de l'arabica, qui a déjà chuté de 36% en 2012 et de 24% en 2013 en raison d'une offre pléthorique.

En effet, les prix élevés de 2011 (pic de 307,20 cents la livre en mai 2011) avaient encouragé les producteurs du monde entier à planter de nouveaux caféiers tandis que le Brésil et la Colombie avaient investi massivement pour améliorer la productivité.

Mais rien n'assure pour l'instant que le café soit définitivement reparti à la hausse.

Car «s'il devait y avoir des pluies au Brésil dans les prochaines semaines, les dégâts pourraient en fait être assez faibles et les prix retomberaient aussi brutalement qu'ils sont montés», prévient Thomas Pugh, économiste spécialiste des matières premières chez Capital Economics.

«De plus, les stocks mondiaux sont importants, autour d'un quart de la consommation mondiale, donc même si la production brésilienne est endommagée, il n'y aura pas vraiment de pénurie d'offre», assure-t-il à l'AFP.