Les cours du maïs, du soja et du blé ont reculé cette semaine à Chicago, influencés par un important rapport des autorités américaines et l'avancée de la récolte en Amérique du Sud.

La diffusion mardi des prévisions du ministère américain de l'Agriculture (USDA) sur l'offre et la demande des denrées agricoles dans le monde «a une nouvelle fois donné lieu à des mouvements apparemment contradictoires sur le marché», soulignait Bill Nelson de Doane Advisory Services.

L'USDA a en effet révisé à la baisse ses projections de stocks de fin de campagne de maïs et de soja aux États-Unis, «ce qui devrait être plutôt positif pour les cours», expliquait-il.

Mais «les analystes avaient largement prédit ces changements et les courtiers les avaient intégrés avant la diffusion du rapport», ajoutait-il.

Pour le blé, la réaction du marché aux chiffres des autorités américaines a été plus claire: les réserves de fin de campagne ont été revues en hausse aussi bien aux États-Unis que dans le monde.

«L'idée générale du rapport c'est que les acheteurs de blé auront largement le choix dans les mois à venir» et qu'ils pourront faire baisser les prix, remarquait Jack Scoville de Price Futures Group.

Les conditions météorologiques pour les récoltes restent «dans l'ensemble bonnes», que ce soit en Russie, en Ukraine, en Argentine ou en Australie, soulignait-il. Et même si le gel a récemment frappé certaines zones de production aux États-Unis, «les pertes semblent minimes», indiquait-il.

Après la publication du rapport de l'USDA, les courtiers ont tourné leur attention vers l'autre grand élément important du moment: la production en Amérique du Sud.

Et les dernières informations «signalent de bonnes récoltes au Brésil et en Argentine», soulignait Bill Nelson.

Après un début de saison marqué par les craintes de conditions trop sèches, «la météo est devenue favorable» dans les deux pays et les gouvernements «ont révisé à la hausse leurs projections», expliquait l'analyste.

Aussi, même si la demande pour le soja américain reste solide pour l'instant, «cela va probablement changer à partir du début d'année», estimait Jack Scoville.

«Les acheteurs chinois devraient bientôt commencer à s'approvisionner en Amérique du Sud», expliquait-il. En attendant «ils continuent quand même à passer des commandes aux États-Unis, au cas où des problèmes logistiques dans les ports brésiliens entravent de nouveau leurs exportations (comme cela a été le cas plus tôt cette année, ndlr). Cela implique qu'on pourrait voir dans les deux mois à venir plusieurs annulations de commandes passées auprès des États-Unis».

Le marché du maïs a par ailleurs continué à pâtir du rejet par Pékin de nouveaux cargos de maïs américain contenant des organismes génétiquement modifiés non autorisés par les autorités chinoises.

«On se demande si ces décisions ne relèvent pas uniquement de considérations politiques, la Chine ayant déjà fait pression sur d'autres pays en mettant sur la balance ses achats de denrées agricoles», remarquait Bill Nelson. «Le processus d'approbation de cet OGM est en cours et ce maïs devait déjà se trouver dans de précédents cargos sans que Pékin ait sourcillé», remarquait-il.

Les cours de la céréale ont aussi reculé jeudi après l'annonce d'une proposition de loi de dix sénateurs américains préconisant l'annulation de l'obligation d'incorporer de l'éthanol, principalement composé de maïs, dans l'essence.