Le géant américain de l'agroalimentaire Tyson Foods va cesser d'acheter du boeuf nourri avec le complément alimentaire Zilmax, du laboratoire Merck, au nom du bien-être des animaux, selon un document consulté par l'AFP jeudi.

Le groupe a constaté récemment plusieurs cas de bêtes arrivant dans ses abattoirs et «ayant des difficultés se déplacer ou étant incapables de se mouvoir», indique une lettre envoyée par Tyson Foods à ses fournisseurs.

«Nous ne connaissons pas les causes spécifiques de ces problèmes mais certains spécialistes en santé animale ont suggéré que l'utilisation du complément alimentaire Zilmax, aussi connu sous le nom de zilpaterol, est une cause possible», souligne le groupe.

En attendant d'en savoir plus, l'entreprise «prévoit de suspendre temporairement (ses) achats de boeuf nourri avec du Zilmax» à partir du 6 septembre.

Ce produit est conçu par la division de santé animale du laboratoire pharmaceutique Merck. Sur son site internet, le Zilmax y est décrit comme un «complément alimentaire» utilisé «depuis près de deux décennies» pour améliorer le processus de métabolisation des animaux. Zilmax permet, selon Merck, de faire gagner en moyenne à chaque carcasse 11 à 15 kilogrammes.

Tyson Foods précise dans sa lettre que sa décision ne relève pas d'un problème de sécurité alimentaire mais «du bien-être de l'animal et de son traitement.»

«Nous nous demandons si ce n'est pas un geste destiné à rassurer la Russie et la Chine qui sont particulièrement réticents face à ces produits», ont souligné les analystes de la maison de courtage spécialisée dans les produits agricoles Allendale. «Étonnamment, ils ne bannissent pas un autre complément alimentaire concurrent, l'Optaflexx» du groupe Elanco, ont-ils ajouté.

«Au cours des dernières années, nous avons observé une augmentation très forte de l'utilisation de ces deux produits» et «nous estimons que 60% à 80% des bovins destinés à l'abattage en reçoivent», ont relevé les spécialistes.

Selon le site internet de Tyson Foods, quelque 132 000 boeufs et génisses arrivent chaque semaine dans ses abattoirs, ce qui représente 26% du marché américain.

Dans un communiqué, la division vétérinaire de Merck s'est dite «surprise» par la lettre de Tyson. «Nous sommes convaincus que, d'après toutes les données disponibles sur le Zilmax, les faits observés par Tyson ne lui sont pas attribuables».

«Tyson lui-même fait valoir qu'il y a d'autres causes possibles et il ne sait pas quelles sont les causes spécifiques du problème», et «nous allons continuer à travailler» avec lui pour les «identifier» , ajoute-t-il.