À Spøttrup, village perché dans le nord du Danemark, Tage Andersen et son fils Søren élèvent 1000 truies. Toutes peuvent bouger pendant la majeure partie de leurs quatre mois de gestation, tel que l'exige la Commission européenne.
«C'est bien mieux de ne pas garder les truies en cages, affirme Søren. Une femme en forme fait un bébé en santé, C'est pareil pour une truie.»
Étonnamment, chez les Andersen, plusieurs truies passent néanmoins de longues heures en... cage. Ces producteurs ont choisi d'équiper leur porcherie de réfectoires autobloquants, qui permettent aux truies qui le désirent de s'isoler, notamment pour manger. C'est légal.
«De 60 à 70% d'entre elles sont habituellement dans les stalles», estime Søren. Les autres promènent leur imposant gabarit - 225 kilos tous roses - dans l'espace prévu pour le groupe. «L'important, c'est qu'elles choisissent elles-mêmes d'aller dans les stalles ou d'en sortir, note Christian Koustrup Frandsen, agronome au Centre de recherche porcine du Danemark. S'il y a de la chicane, c'est utile de pouvoir s'éloigner du feu.»
Ferme rentable depuis 1975
Søren minimise les prises de bec - plutôt de groin - en distribuant de la paille aux truies. «Elles s'amusent et la mangent, c'est du dessert pour elles, explique-t-il. Le truc, c'est de les garder occupées.»
Danielle Pettigrew, directrice du service de l'assurance de la qualité à la Fédération des producteurs de porcs du Québec, a aussi visité récemment des élevages danois avec truies en groupe.
«Le message à retenir, c'est que pas un producteur ne reviendrait aux cages, indique-t-elle. Ça veut dire que les nouveaux designs de bâtiments sont très efficaces. Pour garder des truies en groupe, il ne suffit pas d'ouvrir un parquet. Il faut développer des techniques pour s'assurer que tout le monde ait sa place à l'auge, pour se reposer et pour déféquer.»
La production porcine des Andersen est rentable, même si les truies sont en groupe. «Depuis que mon père a ouvert la ferme en 1975, nous gagnons de l'argent chaque année», assure le fils.