La coopérative indienne de fertilisants agricoles IFFCO a confirmé le choix du parc industriel de Bécancour pour recevoir sa future usine canadienne de production d'urée, dont le coût est maintenant évalué à 1,2 milliard de dollars.

Le président et chef de la direction de la coop, U.S. Awasthi, a affirmé, dans un quotidien économique indien, qu'il souhaite voir l'usine en exploitation d'ici cinq ans. «Nous avons bon espoir d'obtenir les autorisations environnementales d'ici deux ou trois ans», a-t-il confié au Business Standard, de Mumbai. La construction prendrait environ 18 mois.

Sur le total des investissements de 1,2 milliard, IFFCO envisage d'investir directement au moins de 100 à 200 millions. Le reste sera financé au moyen de dettes et par l'apport en équité de tiers investisseurs. «Il y a une écoute favorable de la part d'investisseurs indiens et étrangers», a précisé M. Awasthi au Business Standard.

L'urée sert principalement d'engrais azotés en agriculture.

Grâce au gaz de schiste

La société indienne est intéressée à s'établir au Canada en raison principalement du faible coût du gaz naturel et de la demande locale pour l'urée. D'ailleurs, la coentreprise qui sera responsable de l'exploitation de l'usine est liée par un contrat d'approvisionnement avec un producteur de gaz de schiste, selon ce qui est rapporté dans la presse indienne.

En Inde, où le gaz naturel coûte plus cher qu'en Amérique du Nord, le gaz naturel représente de 70 à 80% du coût de production de l'urée. Ainsi, le faible cours du gaz naturel contribue à la baisse du prix des engrais nécessaires à l'agriculture.

D'ailleurs, la société égyptienne Orascom Construction Industries a annoncé, au début de septembre, la construction d'une usine de fertilisants de 1,4 milliard US dans l'Iowa en raison de l'abondance de gaz naturel bon marché.

Avec IFFCO, le Québec profite d'un investissement rendu possible grâce à l'exploitation du gaz de schiste ailleurs en Amérique du Nord, tandis que la province a un moratoire sur l'exploration et l'exploitation pour ce type de combustible fossile.

Dans un article publié le 31 août, La Presse indiquait que le gouvernement provincial, par l'entremise de son bras financier Investissement Québec, prendrait une participation d'un montant maximal de 5 millions dans le projet, somme qui servira à financer la réalisation d'une étude de préfaisabilité du projet d'implantation de l'usine d'urée.

L'usine aurait une capacité de production de 1,27 million de tonnes. Elle serait exploitée par une coentreprise formée d'une filiale d'IFFCO et d'un partenaire local. L'usine de Bécancour deviendrait la cinquième usine d'urée d'IFFCO, mais sa première en Amérique. Les quatre autres sont en Asie.

Le responsable du développement des affaires chez IFFCO Canada, Alistair Fraser, avait indiqué à La Presse au mois d'août que le choix de Bécancour avait prévalu sur 50 autres emplacements.

«La présence du port en eau profonde ouvert à l'année, l'approvisionnement en gaz naturel et le chemin de fer sont les trois éléments-clés expliquant pourquoi IFFCO a choisi Bécancour», a dit à La Presse Maurice Richard, PDG de la Société du Parc industriel et portuaire de Bécancour et ancien maire de la ville. Le port permettra d'exporter l'urée vers l'Inde, alors que le chemin de fer desservira la clientèle nord-américaine.

Fondée en 1967, la coopérative IFFCO enregistre des ventes annuelles supérieures à 3 milliards US.