L'intérêt des chasseurs de cryptomonnaies, notamment asiatiques, pour des sources d'électricité fiables et abordables est tel que Montréal International est submergé par une demande qui n'existait à peu près pas il y a à peine six mois.

« Nous usons des mêmes arguments de vente pour les attirer que ceux utilisés auprès des opérateurs de centres de données, affirme le vice-président, investissements étrangers, de l'agence de développement économique, Stéphane Paquet. Mais contrairement au secteur des centres de données, nous n'avons pas à être proactifs. Ce sont les investisseurs qui viennent à nous. Nous sommes déjà débordés par la demande. »

Montréal International dit travailler en collaboration étroite avec Hydro-Québec en vue d'intéresser à la région métropolitaine ces entrepreneurs étrangers qui souhaitent faire du « minage » : il s'agit de brancher des centaines de serveurs et cartes graphiques en vue de résoudre les équations mathématiques complexes à l'origine des monnaies virtuelles comme le bitcoin.

« Nous leur offrons de produire ce que j'appelle des green bitcoins, en ce sens qu'ils sont minés à l'aide d'une énergie fiable, abordable et renouvelable »

- Stéphane Paquet, vice-président, investissements étrangers, de Montréal International

« Ce sont des critères importants pour nos clients, notamment chinois, parce que l'électricité produite là-bas provient surtout de la combustion du charbon. »

En plus d'un réseau de télécommunications moderne et d'un cadre juridique avantageux, Montréal International fait miroiter aux investisseurs un tarif d'électricité qui peut atteindre 2,45 cents US le kilowattheure, le fameux tarif L, réservé aux industries les plus énergivores.

Le climat québécois est aussi un facteur susceptible d'intéresser les chasseurs de bitcoins. La température froide permet aux mineurs de pousser leurs équipements informatiques au maximum, sans craindre d'en précipiter l'usure.

« Ce n'est pas une activité qui génère beaucoup d'emplois en tant que telle, dit Stéphane Paquet, mais c'est une façon efficace d'exporter de l'électricité. »

POURPARLERS AVANCÉS

Hydro-Québec tient des pourparlers avancés auprès d'une trentaine de mineurs de cryptomonnaies en vue de les attirer dans la province, affirme de son côté Bloomberg. « Des annonces sont prévues en 2018 », selon le porte-parole Marc-Antoine Pouliot, cité par l'agence financière.

« Nous ne nous sommes pas fixé d'objectifs précis quant aux centres de minage que nous désirons voir s'installer, dit Stéphane Paquet. Nous espérons seulement qu'ils compteront parmi le 1,4 milliard en investissements directs étrangers que nous souhaitons susciter en 2018. »

Les plus grosses installations de minage de bitcoins peuvent consommer jusqu'à 200 ou 300 mégawattheures d'électricité. Au niveau mondial, ce sont 140 térawattheures qui y seront consacrés cette année, soit 0,6 % de la demande mondiale, selon un rapport de la banque Morgan Stanley.

D'ici quatre ans, Hydro-Québec prévoit réserver à ce secteur environ 5 térawattheures, ce qui correspond à la consommation de 300 000 ménages québécois.