Le secteur québécois de la recherche et de l'innovation a été appuyé par les multinationales Microsoft et ABB au Forum économique mondial, à Davos, même si dans les faits, la création d'emploi est relativement modeste.

Une semaine après avoir acheté l'entreprise de démarrage Maluuba, le géant de l'informatique a fait part de son intention de doubler la taille du bureau montréalais de l'entreprise.

Le montant de cet investissement, entièrement privé, n'a toutefois pas été dévoilé.

Ainsi, d'ici 2019, ce laboratoire spécialisé en apprentissage profond devrait voir sa taille doubler pour compter environ 80 ingénieurs. La majorité de ces nouveaux postes devraient être pourvus par l'entremise d'embauches locales.

«Cela démontre l'enthousiasme à l'endroit de Montréal comme écosystème de classe mondiale dans le secteur de l'intelligence artificielle», a expliqué en point de presse le président et chef des affaires juridiques de Microsoft, Brad Smith, accompagné du premier ministre Philippe Couillard, de la ministre de l'Économie, Dominique Anglade, et du ministre fédéral de l'Industrie, Navdeep Bains.

En s'engageant à l'endroit de la métropole, l'entreprise établie à Redmond, dans l'État de Washington, livrera concurrence à Google, qui, en novembre dernier, avait annoncé vouloir implanter dans la métropole un nouveau centre de recherche sur l'apprentissage profond en plus de subventionner l'Université de Montréal à hauteur de 4,5 millions $.

Fondée en 2011 par deux diplômés de Waterloo, Maluuba s'est démarquée entre autres en développant une technologie qui permet aux machines de communiquer interactivement.

«On a l'habitude au Québec de se dire »on a de l'hydroélectricité, des ressources naturelles et de l'ingénierie«, a affirmé M. Couillard. Nous avons fait cela pendant des décennies. Mais de plus en plus, les entreprises regardent les gens, leur talent. L'intelligence artificielle, c'est ce qu'il y a de plus avancé dans la nouvelle économie.»

M. Smith a expliqué que le laboratoire montréalais travaillera en collaboration avec ceux de Vancouver et de Seattle, déjà exploités par le géant informatique.

Microsoft avait décidé de mettre la main sur Maluuba pour accélérer sa croissance dans le secteur de l'intelligence artificielle, un sujet largement discuté au Forum, aux côtés de la montée du protectionnisme ainsi que du populisme.

Par ailleurs, le géant informatique s'est engagé à verser, au cours des cinq prochaines années, des subventions de 6 millions $ à l'Université de Montréal et de 1 million $ à l'Université McGill, qui regroupent quelque 150 chercheurs.

«Montréal a deux joyaux, soit Maluuba et les deux universités», a résumé M. Smith.

ABB encore plus montréalaise

Pour sa part, la multinationale helvético-suédoise spécialisée dans l'énergie et l'automation ABB investira 90 millions $ dans son siège social canadien de Montréal pour y regrouper des activités de recherche et de développement et y développer une plateforme destinée aux véhicules électriques.

On ne procédera pas à de nouvelles embauches, mais ABB affirme que cet investissement privé permettra de consolider environ 700 postes.

L'endroit sera le «centre d'excellence» de la multinationale en matière de mobilité électrique.

«Notre but est de faire avancer le monde sans ravager la planète, a expliqué le président-directeur général d'ABB, Ulrich Spiesshofer, au cours d'un point de presse. Avec sa filière pour les véhicules électriques, le Québec offre toutes les conditions pour le développement de plateformes technologiques mondiales.»

En 2015, l'entreprise avait déjà annoncé un investissement de 70 millions $ sur 10 ans pour consolider les activités de son secteur de l'énergie dans la métropole.

M. Couillard a par ailleurs profité de l'annonce d'ABB pour confirmer la mise en place, au plus tard d'ici le mois de juin, d'une grappe industrielle pour l'industrie des véhicules électriques. Celui-ci avait préalablement dévoilé ses intentions lors du 29e Symposium international du véhicule électrique en juin 2016.

«Aéro Montréal a été un outil extraordinaire pour l'aéronautique, pourquoi ne pas faire la même chose pour les véhicules électriques?», a-t-il soulevé.

En marge des deux annonces, M. Couillard a tenu une série de rencontres privées, notamment avec la directrice générale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, Irina Bokova, ainsi que l'ex-vice-président américain Al Gore.