Le gouvernement Trudeau aimerait voir davantage de contenu canadien sur Netflix. En même temps, Ottawa n'exclut pas la possibilité d'assouplir les règles sur le contenu canadien au petit écran dans le cadre de sa réforme sur la politique culturelle fédérale.

Sans imposer de « taxe Netflix » pour financer la production de contenu canadien, la ministre fédérale du Patrimoine canadien Mélanie Joly dit vouloir « discuter » avec Netflix afin de hausser son contenu canadien. « Nous avons été clairs que nous n'étions pas en faveur d'une taxe [Netflix], nous l'avons dit durant la campagne et nous n'allons pas changer notre position là-dessus. Nous allons avoir une conversation avec les différents Netflix de [ce monde] pour discuter sur comment ils peuvent éventuellement contribuer au contenu canadien dans une ère numérique », a dit la ministre Joly en entrevue à La Presse.

En matière de contenu canadien, Ottawa pourrait-il réglementer Netflix au même titre que les chaînes de télé, qui doivent diffuser un minimum de contenu canadien en vertu des règles du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ? Sans préciser ses intentions, la ministre Joly estime que ce dossier démontrera « la pertinence de l'action étatique dans le monde numérique ». 

« Nous sommes prêts à parler avec les différentes plateformes numériques de façon générale. C'est fondamental que du contenu canadien puisse être découvert à travers le monde. La réalité, c'est que notre contenu est vraiment bon. » - Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien

Dans un document informatif, Ottawa tempère le scénario de la réglementation des contenus sur des diffuseurs comme Netflix, indiquant que « la marche à suivre pour l'avenir n'est [...] pas de tenter de réglementer le contenu sur internet » en faisant référence au principe de neutralité d'internet.

MOINS DE CONTENU CANADIEN À LA TÉLÉ ?

Autant le gouvernement Trudeau aimerait voir davantage de contenu canadien sur Netflix, autant il n'exclut pas la possibilité de réduire les règles de contenu canadien au petit écran dans le cadre de cette réforme en profondeur du système culturel fédéral.

« J'ai clairement dit que tout était sur la table, que j'étais prête à étudier [la question des quotas actuels de contenu canadien télé], à avoir cette grande conversation-là, dit la ministre Joly. Je sais que cette approche est assez ambitieuse, j'en suis très consciente. [...] Ce n'est pas à cause que je pense qu'il faut les changer [les quotas de contenu canadien], c'est parce que les gens ont commencé à consommer du contenu de façon différente. »

Il s'agit de la première réforme du genre depuis 1991, selon la ministre Joly. « Tout le système a été développé [...] avant le numérique, dit-elle. Les nouvelles plateformes ont un effet de transformation majeur qui va aller en s'accélérant. [...] On arrive dans une ère numérique, les frontières sont en mouvement, il y a une fluidité des acteurs. Il faut nécessairement en tenir compte, c'est fondamental. »

Après son annonce en avril, le gouvernement Trudeau lance officiellement aujourd'hui ses consultations sur la politique culturelle fédérale. Des audiences publiques - où seront notamment convoquées les grandes entreprises de médias du milieu de la culture - auront lieu cet automne partout au pays, dont à Montréal à la fin d'octobre. Les citoyens pourront aussi s'exprimer notamment sur l'internet et sur les réseaux sociaux. Au nombre des autres sujets qui seront abordés au cours des consultations : le rôle du CRTC et le mandat de Radio-Canada. Ottawa doit faire connaître ses conclusions au début de 2017.

Dans ses documents de consultation dévoilés ce matin, le gouvernement Trudeau indique ses grands objectifs : « faciliter les choix et l'accès au contenu » pour les citoyens, « soutenir nos créateurs », « redéfinir » le concept de contenu canadien, « accroître l'offre [...] de nouvelles de qualité dans les marchés locaux » et « promouvoir le contenu canadien » à l'étranger.