Le marché du travail canadien a encaissé le mois dernier sa pire dégelée en près de cinq ans, l'économie ayant affiché une perte nette de 31 200 emplois - tous des emplois à temps plein -, a indiqué vendredi Statistique Canada.

En tout, le marché a vu disparaître 71 400 emplois à temps plein en juillet, ce qui a été contrebalancé en partie par la création de 40 200 emplois à temps partiel, a précisé l'agence fédérale.

L'emploi à temps plein au Canada n'avait pas connu une telle dégringolade depuis la disparition de 80 300 postes en octobre 2011.

Ces changements ont fait grimper le taux de chômage à 6,9 % le mois dernier, par rapport à celui de 6,8 % en juin.

L'emploi dans le secteur public a reculé de 42 000 postes, tandis que l'effectif des employés du secteur privé a augmenté de 13 600 travailleurs.

Le nombre d'employés rémunérés a diminué de 28 400 le mois dernier, tandis que le nombre de travailleurs autonomes - des emplois souvent considérés comme plus précaires - a reculé de 2700.

L'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, a cependant noté que la performance d'ensemble du marché du travail n'était peut-être pas si négative qu'au premier coup d'oeil.

Le nombre d'emplois dans les administrations publiques a diminué de 24 000 le mois dernier, un déclin qui pourrait être directement lié aux quelque 25 000 emplois temporaires créés en avril et en mai pour effectuer le recensement, a noté M. Porter.

L'économiste a en outre souligné une possible «bizarrerie» dans les données sur l'emploi. Ainsi, l'Ontario a vu le mois dernier la disparition de 37 800 emplois dans les services éducatifs, ce qui pourrait être un ajustement saisonnier lié aux professeurs, ce qu'il a déjà observé par le passé.

M. Porter s'attend à ce que ces chiffres s'en remettent dans les mois à venir.

Les économistes s'attendaient en moyenne à la création de 10 000 emplois le mois dernier et à un taux de chômage de 6,9 pour cent, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Les industries productrices de services ont perdu 26 900 emplois le mois dernier, tandis que celles qui offrent des biens en ont échappé 4300.

Les pires pertes d'emplois ont été observées en Ontario, où le marché du travail a abandonné 36 100 emplois. Quelque 18 900 de ces emplois étaient à temps plein.

En Alberta, où l'économie a été durement touchée par la faiblesse des prix du pétrole et par les incendies de forêt du mois de mai, le taux de chômage a avancé de 0,7 point de pourcentage en juillet, pour atteindre 8,6 %. Il s'agit de son plus haut niveau depuis septembre 1994.

De son côté, la Colombie-Britannique a accueilli 12 100 nouveaux travailleurs le mois dernier, mais la province a malgré tout perdu 21 800 emplois à temps plein.

Au Québec, quelque 4000 emplois ont disparu le mois dernier et le taux de chômage s'est maintenu à 7,0 %.

Dans l'ensemble, le nombre d'emplois au Canada a progressé de 0,4 pour cent par rapport à il y a 12 mois. Dans la même période, le nombre d'emplois à temps plein a cependant reculé de 0,2 %, tandis que ceux à temps partiel ont avancé de 3,1 %.

Dans la catégorie des travailleurs âgés de 15 à 24 ans, le nombre d'emplois a diminué de 28 400 en juillet. Ce recul net a fait grimper le taux de chômage de cette catégorie à 13,3 %, par rapport à 13,0 % pour le mois précédent.

Par ailleurs, Statistique Canada a aussi dévoilé vendredi les plus récentes données sur le commerce international de marchandises, faisant état d'un déficit commercial record de 3,6 milliards pour le mois de juin.

Les exportations canadiennes ont échappé 4,7 % au deuxième trimestre pour se chiffrer à 124 milliards. Il s'agissait du plus important recul trimestriel depuis le deuxième trimestre de 2009 - soit pendant la Grande Récession.

Conséquemment, le déficit commercial trimestriel du Canada s'est élargi à 10,7 milliards pour la période d'avril à juin, en hausse par rapport à celui de 6,4 milliards du premier trimestre.