Le pari sur les services en ligne («nuage») de Satya Nadella, le patron de Microsoft, continue de payer pour le groupe informatique américain, qui a terminé mieux que prévu son exercice décalé clos fin juin.

Selon des résultats publiés mardi, le bénéfice net annuel du géant des logiciels s'est envolé de 38% à 16,8 milliards de dollars.

Sur le seul quatrième trimestre, le groupe a dégagé un bénéfice net de 3,1 milliards, contre une perte d'ampleur similaire un an plus tôt où il avait souffert d'importantes charges liées à des restructurations et des dépréciations dans les activités de fabrication de téléphones intelligents rachetées à Nokia.

Et son bénéfice par action trimestriel a dépassé de 11 cents la prévision moyenne des analystes, à 69 cents.

Le chiffre d'affaires annuel a certes reculé, pour la première fois depuis l'exercice clos fin juin 2009, plombé notamment par la division de produits grand public qui souffre d'importantes pertes de revenus dans les téléphones (-71% rien qu'au quatrième trimestre) et de la crise du PC, même si Microsoft assure que ses ventes de licences Windows aux fabricants d'appareils se portent mieux que le marché des ordinateurs personnels.

Le chiffre d'affaires ressort au final en baisse de 9% à 85,3 milliards de dollars sur l'ensemble de l'exercice, et de 7% à 20,6 milliards de dollars au dernier trimestre.

En tenant compte de revenus différés liés à Windows 10, la nouvelle version de son système d'exploitation sortie l'été dernier, le chiffre d'affaires aurait toutefois progressé de 2% à 22,6 milliards de dollars au quatrième trimestre, un niveau supérieur aux attentes du marché.

Dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York, l'action Microsoft gagnait environ 4% vers 19 h 30.

Revenus plus que doublés pour Azure

Pour le site d'analyse 247wallst.com, «la manière dont Microsoft a terminé cet exercice reflétait la manière dont il étend sa présence sur le marché à travers la plupart de ses plateformes -- en particulier le «nuage intelligent» et Azure», l'offre de services dématérialisés dans le nuage à destination des entreprises avec laquelle il fait concurrence à la filiale AWS d'Amazon.

La division regroupant ces produits affiche des revenus trimestriels en hausse de 7% à 6,7 milliards de dollars.

C'est entre autres en mettant l'accent sur les services en ligne et aux entreprises que Satya Nadella, qui avait succédé à Steve Ballmer comme directeur général début 2014, s'efforce de faire revenir Microsoft sur le devant de la scène après le virage raté du mobile.

Il a parallèlement énormément réduit la voilure dans les smartphones, et mis tout récemment plus de 26 milliards de dollars sur la table pour racheter le réseau social professionnel LinkedIn, une opération qui devrait être bouclée d'ici fin décembre.

«L'année passée a été cruciale à la fois dans notre propre transformation et dans les partenariats avec nos clients qui gèrent leurs propres transformations numériques», a jugé mardi Satya Nadella. «Le nuage de Microsoft a un important élan auprès des clients et nous sommes bien positionnés pour saisir de nouvelles opportunités dans l'année à venir.»

Même s'il ne dévoile pas leur montant, Microsoft revendique au quatrième trimestre des revenus plus que doublés (+102%) pour Azure.

Satya Nadella a aussi tenté de rassurer les analystes qui craignent que la croissance d'Azure ne se fasse au détriment des produits du groupe liés aux serveurs installés directement dans les entreprises. «Nos serveurs n'ont jamais fait ce que ces clients font maintenant dans notre nuage», a-t-il affirmé, évoquant un marché potentiel «beaucoup plus large».

Il a notamment rappelé l'exemple de Boeing, qui vient encore cette semaine d'annoncer un contrat important avec Azure, comprenant des services d'analytique et d'information en temps réel censés améliorer l'efficacité des opérations des compagnies aériennes.

Microsoft pousse par ailleurs les utilisateurs de ses logiciels de bureautique à se tourner vers un abonnement en ligne, Office 365, qui lui assure des flux de revenus plus réguliers que la vente de licences pour l'installation de logiciels sur leurs ordinateurs.

Office 365 revendiquait au quatrième trimestre des revenus en hausse de 54% pour les clients professionnels, et le nombre d'abonnés grand public a grimpé à 23,1 millions.