Au fil de ses efforts de développement, l'entreprise Technologies D-Box, de Longueuil, spécialiste des systèmes vibratoires en audiovisuel de divertissement et de formation, franchit ces temps-ci des étapes importantes de son évolution.

Le chiffre d'affaires est rendu au seuil des 27 millions par an et le bénéfice net est désormais millionnaire. Un troisième investisseur d'importance est entré au capital-actions. L'entreprise a obtenu de nouveaux contrats de cinémas en Amérique du Nord et en Asie qui l'amènera à 500 salles équipées de fauteuils vibrants. Et elle tente une incursion dans les projets de réalité virtuelle de grands producteurs en divertissements (films, jeux vidéo) et en formation professionnelle par simulateurs.

Même si l'entreprise demeure sous le radar de l'actualité d'affaires, ses résultats ont déjà attiré l'attention d'investisseurs : l'action de D-Box a progressé de plus de 40 % depuis trois mois, et a plus que doublé (+131 %) depuis un an.

« Des gens commencent à comprendre les bonnes nouvelles que nous avons eues ces derniers mois, mais qui sont passées inaperçues dans cette période de tumulte boursier », dit Claude McMaster, PDG de D-Box.

De quoi réjouir aussi les principaux actionnaires de D-Box, dont le géant des fonds mutuels Fidelity (15 %) et la Caisse de dépôt et placement (11 %). Mais aussi le nouveau venu Gold-Finance, une société chinoise de gestion de fortunes privées qui investit notamment dans le secteur du divertissement.

Gold-Finance est entrée au capital de D-Box en décembre dernier avec un investissement de 5 millions pour 6,3 % de l'entreprise. Cette participation pourrait se hisser à 10,5 % d'ici un an si Gold-Finance exerçait ses bons de souscription pour des actions émises à 60 cents, ce qui se traduirait par une valeur de l'ordre de 110 millions pour l'ensemble de l'entreprise.

Consolidation des appuis

Le PDG Claude McMaster peut se réjouir de cette valorisation en tant que dirigeant et actionnaire minoritaire (5 % en actions et options). Mais pour lui, le facteur le plus important pour D-Box demeure la consolidation des appuis d'investisseurs envers la suite de son plan d'affaires.

Un exemple ? Alors qu'elle complétait le placement de Gold-Finance, D-Box a confirmé deux contrats avec ses plus importants clients dans le cinéma, l'américaine Cinemark et la canadienne Cineplex, pour l'installation de fauteuils vibrants dans une centaine de salles additionnelles d'ici la fin de 2017.

Et en Asie, où la croissance du nombre de salles de cinéma est la plus forte dans le monde, D-Box vient de « signer » l'installation de ses fauteuils vibrants dans une douzaine de nouvelles salles à Taiwan et en Malaisie.

Avec ces contrats additionnels en Amérique du Nord et en Asie, la technologie D-Box franchira bientôt le cap des 500 salles de cinéma dans le monde où elle est installée, incluant l'Europe.

Cette croissance du nombre de salles est importante pour D-Box. Dans un premier temps, pour les revenus de vente et d'installation des équipements. Mais ensuite, pour les redevances qu'elle perçoit sur les ventes de billets à prime pour ces fauteuils d'effets spéciaux.

« D-Box est de plus en plus reconnu parmi les groupes de salles de cinéma en Europe et en Amérique du Nord. Mais nous commençons à peine à effleurer l'énorme potentiel qui se développe en Asie et en Amérique latine. Seulement en Chine, il s'ouvre quelques milliers de salles de cinéma par an », dit M. McMaster.

« Dans le modèle d'affaires de D-Box, explique-t-il, 500 salles de cinéma pourvues de fauteuils vibrants signifient au moins 6 millions en revenus annuels en redevances. Et une fois nos frais d'exploitation couverts, ces redevances vont presque directement en profit, comme on le voit ces trimestres-ci. »

Par ailleurs, avec ces revenus et profits accrus provenant des salles de cinéma, D-Box a pu financer le développement d'autres débouchés pour sa technologie.

Jeux vidéo et formation

Par exemple, D-Box prépare l'inclusion de sa technologie dans les prochaines productions de films ou de jeux vidéo en version de réalité virtuelle.

Une première expérience en ce sens a été réalisée il y a quelque mois entre D-Box et les producteurs du film de science-fiction The Martian. D-Box a contribué à la production d'une séquence de pilotage d'un véhicule sur Mars simulé en réalité virtuelle de vision, de son et de vibrations du fauteuil.

« C'est une expérience de simulation à un niveau de réalisme jamais atteint auparavant. Au fur et à mesure qu'elle sera plus accessible, cette technologie de réalité virtuelle pourrait être la prochaine grande vague dans le marché des divertissements audiovisuels sophistiqués », estime le PDG de D-Box. L'entreprise s'est d'ailleurs dotée d'un bureau et de studios de programmation de pistes de mouvements à Burbank, en Californie, à proximité des grands producteurs hollywoodiens.

Par ailleurs, D-Box a aussi inséré sa technologie dans le secteur des simulateurs de formation pour les conducteurs de véhicules lourds et les pilotes de petits aéronefs.

Elle a notamment convaincu des constructeurs d'envergure comme John Deere et Caterpillar d'ajouter sa technologie à leurs simulateurs de conduite d'équipements lourds.

Le résultat, selon Claude McMaster : des séances de formation par simulateur encore plus performantes qu'auparavant, au point d'amener John Deere et Caterpillar à vouloir intégrer la technologie D-Box dans toutes leurs gammes de simulateurs.

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FORCES

• Croissance de flux de revenus récurrents (redevances au cinéma) qui permettent de financer le développement d'autres débouchés.

• Flexibilité d'adaptation de sa technologie de plateformes vibratoires vers divers usages en divertissement audiovisuel et en formation technique.

• Actionnariat comprenant trois investisseurs d'importance et durables, malgré sa capitalisation limitée de PME. technologique

FAIBLESSES

• Concentration des revenus parmi un nombre encore limité de clients d'envergure.

• Coûts élevés de démarchage commercial à l'international pour accroître les débouchés de la technologie tout en protégeant ses brevets.

Infographie La Presse

Source : Thomson Reuters