Alors que Groupe TVA a publié la semaine dernière des résultats en nette progression, les actionnaires minoritaires ne digèrent toujours pas l'acquisition des Studios MELS et promettent de surveiller l'entreprise « de près ».

En décembre 2014, la filiale de Québecor a conclu l'acquisition de Vision Globale (les Studios MELS) pour 118 millions de dollars. Le groupe a financé cet achat en émettant des droits de souscription d'environ 100 millions, une manoeuvre qui a dilué le capital-actions de Groupe TVA.

En plus de dénoncer le prix d'achat élevé, les actionnaires minoritaires ont déploré les nombreux « conflits d'intérêts » des membres de la haute direction et « l'ingérence politique » de Pierre Karl Péladeau, l'actionnaire de contrôle de Québecor. Ils ont demandé à l'Autorité des marchés financiers (AMF) et à Groupe TMX d'enquêter, sans trop de résultats.

« La pilule passe toujours bien mal depuis ce temps-là », a souligné hier Stephen Takacsy, directeur des placements et gestionnaire de portefeuille chez Gestion d'actifs Lester, l'un des principaux actionnaires minoritaires de Groupe TVA.

« Pour les actionnaires minoritaires comme nous, ç'a été un achat extrêmement dispendieux pour ce que ça va rapporter sur le long terme, a-t-il précisé. Et la façon dont ç'a été financé a été extrêmement dilutive. »

PATIENCE

Les actionnaires minoritaires, qui détenaient 48 % des titres de catégorie B au moment de la transaction, ont pour la plupart conservé leurs actions de Groupe TVA. Le titre a gagné presque 10 % hier, à la suite des bons résultats publiés vendredi, mais il affiche un recul de 20 % sur un an.

Selon certaines informations, Québecor aurait abordé certains actionnaires minoritaires de Groupe TVA pour discuter d'un rachat de leurs actions au cours des derniers mois. Il a été impossible d'obtenir des précisions de l'entreprise à cet effet, hier. Une porte-parole nous a invité à suivre l'assemblée annuelle de mai prochain.

Quoi qu'il en soit, les actionnaires minoritaires semblent bien déterminés à ne pas vendre leurs titres au prix actuel. Stephen Takacsy estime que les actions de Groupe TVA valent « beaucoup plus » que leur cours actuel de 4,74 $ à la Bourse de Toronto.

« Pour l'instant, on reste tranquille. Ce n'est pas oublié. On les surveille de près et on ne se fera pas forcer de vendre à ces prix-là, ça c'est certain. » - Stephen Takacsy, directeur des placements et gestionnaire de portefeuille chez Gestion d'actifs Lester, l'un des principaux actionnaires minoritaires de Groupe TVA 

À l'AMF, la porte-parole Cathy Beauséjour a souligné hier que le dossier d'enquête des Studios MELS avait été fermé l'hiver dernier. « On a procédé à un examen de l'ensemble des renseignements qui avaient été mis à notre disposition par les plaignants. L'examen a révélé que la majorité des préoccupations relevaient du droit corporatif et des devoirs qu'il impose aux administrateurs, donc après analyse, on a fermé le dossier. »

RÉSULTATS EN HAUSSE

Groupe TVA a annoncé vendredi dernier une perte nette de 1,47 million au quatrième trimestre, trois fois plus faible que celle enregistrée un an plus tôt. Le bénéfice d'exploitation a bondi de 176 % dans le secteur de la télédiffusion et de la production, à 14 millions de dollars. Il a été stimulé par la bonne performance de TVA Sports et par une hausse marquée des revenus d'abonnement aux services spécialisés.

Le secteur des services cinématographiques et audiovisuels (MELS) a pour sa part généré un bénéfice d'exploitation de 980 000 $, sur des revenus de 11,8 millions.

Adam Shine, analyste à la Financière Banque Nationale, estime que MELS n'a pas atteint ses cibles au quatrième trimestre, mais a livré « une solide première année de résultats ». Il a aussi salué la hausse notable des revenus publicitaires en télévision. Son prix cible pour l'action de Groupe TVA est de 5,50 $.

Stephen Takacsy pour le radar. Il est gestionnaire de portefeuille chez Gestion Lester à Montréal. Photo fournie par Stephen Takacsy

Infographie La Presse