Le Canada est sorti de la récession au troisième trimestre sous l'impulsion de ses exportations stimulées par une monnaie plus faible, mais l'activité économique des prochains mois restera limitée par la chute des prix du pétrole.

Après six mois de récession, conséquence de la chute des prix du brut dont le pays est le cinquième producteur au monde, le Canada a enregistré une croissance annualisée de 2,3% de son produit intérieur brut (PIB) pour le trimestre achevé en septembre, a indiqué mardi l'institut Statistique Canada.

Par rapport au trimestre précédent, la hausse du PIB a atteint 0,6% au troisième trimestre.

Un fort rebond des exportations, une augmentation des dépenses de consommation et dans la construction expliquent cette reprise de l'activité qui reste assombrie par des faiblesses dans pratiquement tous les autres secteurs.

Stimulées par un dollar canadien plus faible et la reprise de la demande américaine, les exportations d'automobiles, de biens de consommation et de pétrole brut ont connu un net rebond au troisième trimestre. Au même moment, les importations du Canada diminuaient, de pair avec une demande intérieure qui est restée stable.

Le Canada a connu une légère récession en début d'année, avec une contraction de 0,3% du PIB en rythme annualisé au deuxième trimestre et de 0,7% au premier trimestre.

Le retour à la croissance est une bonne nouvelle pour le nouveau Premier ministre Justin Trudeau, qui a promis de stimuler l'économie en investissant massivement dans des projets d'infrastructures, quitte à essuyer des déficits budgétaires.

Mais la croissance risque de rester anémique, selon les économistes qui relèvent les investissements des entreprises plus faibles depuis le début de l'année, avec un recul marqué dans leurs achats de machines outils.

De plus, les dépenses des administrations publiques se sont contractées au troisième trimestre, au moment où les ménages continuaient d'emprunter pour consommer, le taux d'épargne étant passé de 4,9% au deuxième trimestre à 4,2% au troisième.

EMBELLIE TROMPEUSE

«Donc, à moins d'une reprise de l'emploi, la croissance de la consommation va rester faible», a expliqué l'économiste Krishen Ranasamy de la Banque Nationale. Rien, selon lui, ne laisse entrevoir une reprise à court terme des investissements des entreprises, étant donné que leurs bénéfices sont maigres, à l'image du prix des matières premières, et que la dépréciation du dollar canadien rend plus chère l'importation d'équipements.

L'embellie du troisième trimestre est aussi trompeuse, car le PIB s'est contracté de nouveau en septembre par rapport à août (0,5%) en raison du marasme dans le secteur de l'énergie et des matières premières.

«Avec la baisse du PIB (...) en septembre, l'acquis de croissance pour le quatrième trimestre est négatif. Même si la progression de la production devait revenir en territoire positif dès le mois d'octobre, l'ensemble du quatrième trimestre pourrait se solder par un gain inférieur à 1%», a estimé l'économiste Benoit Durocher de la Caisse Desjardins.

Avec les nombreuses embûches qui subsistent, la Banque du Canada risque, selon lui, de maintenir son taux directeur à son niveau actuel de 0,50% tout au long de 2016.

Pour le gouvernement de Justin Trudeau, la marge de manoeuvre sur le plan économique risque d'être beaucoup plus serrée que prévu.

Le budget de l'État canadien, proche actuellement de l'équilibre, va se dégrader au cours des prochaines années avec des recettes fiscales moins élevées que prévu, a prévenu mardi le directeur parlementaire du budget (DPB), chargé de présenter au parlement canadien une analyse indépendante de l'état des finances du pays.

Là où le nouveau ministre des Finances Bill Morneau prévoyait, mi-novembre, un retour à l'équilibre budgétaire à la fin de la législature dans quatre ans, le DPB prévoit plutôt une dérive.