Les responsables de la Réserve fédérale des États-Unis ne s'entendaient pas, le mois dernier, au sujet d'un échéancier pour une hausse des taux d'intérêt, qui se situent depuis plusieurs années à un creux record.

Selon le procès-verbal de la rencontre des 17 et 18 mars, plusieurs membres de la banque centrale appuyaient une hausse des taux dès le mois de juin, tandis que d'autres, inquiets de la faiblesse de l'inflation, ne croyaient pas qu'une augmentation était nécessaire avant plus tard cette année. En outre, certains jugeaient que l'économie ne serait pas assez forte pour soutenir une hausse des taux avant 2016.

Le taux de référence de la Fed se trouve près de 0% depuis décembre 2008.

Dans la déclaration émise par la banque centrale à la suite de sa rencontre, elle avait signalé qu'elle se rapprochait d'une augmentation des taux d'intérêt en abandonnant la formulation voulant qu'elle se montrerait «patiente» avant de commencer à hausser les taux. Ce choix de mot était présent dans ses déclarations depuis décembre.

Selon le procès-verbal, «presque tous» les décideurs de la Fed ont accepté cette modification à la formulation.

Compte tenu de l'amélioration de l'économie, «ils ont préféré un choix de mot qui donnerait au comité une flexibilité pour faire des ajustements subséquents à la cible pour le taux des fonds fédéraux une rencontre à la fois», précise le document.

Mais le procès-verbal, publié après la période d'attente imposée de trois semaines, a montré un groupe divisé sur le choix du moment précis de la première hausse des taux d'intérêt. Dans sa déclaration sur la politique monétaire, la Fed avait indiqué qu'elle voulait observer de nouvelles améliorations dans le marché de l'emploi et qu'elle devait se sentir «raisonnablement confiante» de voir l'inflation se rapprocher de sa cible de deux pour cent.

«Plusieurs participants» ont estimé qu'un raffermissement de l'économie entraînerait vraisemblablement une première hausse en juin, selon le document. Mais d'autres ont exprimé certaines inquiétudes au sujet de la chute des prix de l'énergie et de l'appréciation du dollar américain, deux facteurs qui pourrait faire reculer l'inflation sous la barre des deux pour cent. Selon eux, la banque centrale devrait attendre jusqu'à plus tard cette année avant d'agir.

«Quelques» responsables ont aussi dit ne pas croire que les conditions économiques justifiaient la mise en place d'une hausse des taux avant 2016.

Les membres de la Fed étaient cependant d'accord pour dire qu'il sera difficile de prédire dans quelle direction ira l'inflation, révèle le procès-verbal, ajoutant que les décideurs n'avaient pas nécessairement besoin de voir une hausse de l'inflation de base ou des salaires avant d'annoncer une augmentation des taux.

Lors d'une conférence de presse qui suivait la dernière rencontre de la Fed, sa présidente, Janet Yellen, avait précisé aux journalistes que si la banque centrale avait cessé de dire qu'elle serait prudente, cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle se montrerait imprudente dans son choix du moment pour hausser les taux.

Elle avait aussi rappelé que la première hausse des taux dépendrait de la performance de l'économie, incluant le marché de l'emploi et l'inflation, dans les mois à venir.

Plusieurs économistes privés s'attendent maintenant à ce que la première hausse des taux de la banque centrale n'ait pas lieu avant septembre, et ils ne misent que sur deux hausses d'un quart de point de pourcentage pour cette année.