Bell peut-elle restreindre l'accès au service CraveTV aux abonnés à la télé câblée? Ou alors CraveTV devrait-il être accessible à tous, câble ou pas, à l'instar de Netflix?

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) se penchera sur la question à la suite d'une plainte de deux organismes de défense des consommateurs au sujet de l'exclusivité des services anglophones de visionnement CraveTV (Bell Média) et shomi (Shaw et Rogers).

Le Centre pour la défense de l'intérêt public et l'Association des consommateurs du Canada font valoir que shomi et CraveTV, deux services de visionnement de films/séries télé à volonté lancés l'automne dernier, ne respectent pas les règles d'exclusivité et de préférence indue du CRTC. À titre d'exemple, CraveTV est seulement accessible aux détenteurs d'un abonnement à la télé câblée avec Bell, Telus ou Eastlink. Selon ces organismes, il s'agit d'une pratique anticoncurrentielle et contraire aux intérêts des consommateurs.

«Nous voulons préserver un internet ouvert», a indiqué John Lawford, directeur du Centre pour la défense de l'intérêt public. 

«[...] Ce modèle d'affaires, [...] qui discrimine les clients qui veulent seulement de la programmation par le biais d'internet, ne respecte pas les règles actuelles ni les objectifs de la politique canadienne de radiodiffusion, à notre avis», a indiqué Geoffrey White, avocat de l'organisme.

Bell Média trouve «dommage» cette plainte au CRTC, faisant valoir que CraveTV (qui présente seulement des séries télé, au contraire de shomi qui offre des films et des séries télé) est un «service complémentaire» au système de radiodiffusion canadien. Bell Média fait valoir que CraveTV a été rendu disponible à tous les distributeurs télé du pays (quatre distributeurs l'offrent actuellement). Bell Média estime que CraveTV est «pro-consommateur en ce sens que le service propose de la programmation télé de choix à seulement 4$ par mois».

Même si la plainte concerne le service anglophone CraveTV, ce dossier risque d'être particulièrement suivi au Québec puisque Bell Média compte lancer un service similaire en français en 2015.

Quant à shomi, le service de visionnement de films et de séries télé de Shaw et Rogers n'est pas disponible actuellement au Québec, puisqu'il faut être un abonné internet ou télé de l'une des deux entreprises. Rogers et Shaw ont indiqué hier au Globe and Mail que shomi était en mode «beta», qu'ils sont actuellement en discussions avec d'autres distributeurs pour offrir shomi et qu'ils évaluent plusieurs modèles de distribution.