Acquis par le géant américain Intel (INTC) qui veut se renforcer dans le secteur de la sécurité, le gestionnaire montréalais de mots de passe en ligne PasswordBox verra vraisemblablement sa taille doubler dans les prochaines années.

Pour un montant qui n'a pas été dévoilé, la société californienne a mis la main sur l'entreprise en démarrage, qui verra ses 44 employés être intégrés à l'organisation Safe Identity du groupe Intel Security. Celui-ci comprend notamment le fournisseur de solutions de protection antivirus McAfee.

Offerte sur les plateformes iOS, Android et PC, l'application conçue par PasswordBox - qui a été primée dans le passé - a été téléchargée plus de 14 millions de fois au cours de la dernière année.

Elle permet notamment aux utilisateurs d'accéder instantanément à des sites Web ainsi qu'à des applications sans avoir à saisir ou retenir leurs mots de passe.

«Nous voulons atteindre un milliard d'utilisateurs», a affirmé lundi en entrevue le chef de la direction et cofondateur de PasswordBox, Daniel Robichaud.

En janvier dernier, le logiciel de l'entreprise en démarrage montréalaise fondée en 2012 avait raflé le prix de la «meilleure application mobile» lors du Consumer Electronics Show de Las Vegas.

La transaction a été officialisée dans le cadre d'une conférence de presse organisée à la maison Notman, où étaient présents le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, le ministre responsable de la métropole, Robert Poëti, ainsi que le maire de Montréal, Denis Coderre.

Ni Intel ni M. Robichaud n'ont fourni de précisions sur l'expansion de PasswordBox, mais le ministre Daoust a fourni quelques détails au cours d'une courte mêlée de presse.

«On va doubler le nombre d'emplois et je crois que ça va aller encore beaucoup plus loin», a-t-il dit, en précisant que le gouvernement Couillard n'avait pas mis «un sou» dans cette transaction.

D'après Québec, la croissance de PasswordBox et l'ajout d'emplois devraient se traduire par des retombées économiques de quelque 30 millions $ qui devraient s'échelonner au cours des prochaines années.

Selon M. Daoust, le secteur québécois des technologies de l'information représente 130 000 emplois en plus de générer des revenus annuels de quelque 30 milliards $, soit près de cinq pour cent du produit intérieur brut.

PasswordBox, qui génère des mots de passe, peut également enregistrer et chiffrer des informations pour accélérer les transactions réalisées en ligne.

La sécurité en ligne et la protection des mots de passe se retrouvent de plus en plus au coeur des préoccupations des entreprises et des consommateurs, surtout depuis que des détaillants comme Target et Home Depot ont été ciblés par des pirates informatiques.

«Nous voulons faciliter la vie des gens de façon à ce qu'ils n'aient plus besoin de faire quoi que ce soit une fois qu'ils auront ouvert une session dans PasswordBox», a souligné M. Robichaud.

Selon une étude réalisée en 2013 par la firme Deloitte, plus de 90 pour cent des mots de passe créés sont vulnérables au piratage. De plus, les 10 000 mots de passe les plus courants pourraient donner accès à près de 98 pour cent de l'ensemble des comptes.

De son côté, le vice-président et directeur général de Safe Identity chez Intel Security, Mark Hocking, a assuré que la société californienne avait l'intention de laisser l'équipe de PasswordBox s'épanouir dans la métropole.

«Si nous avions décidé de déménager (l'entreprise), nous aurions perdu beaucoup de gens, a-t-il expliqué. Nous avons plutôt décidé d'accélérer le développement de ce que nous avons déjà.»

M. Robichaud, qui n'en est pas à sa première vente d'entreprise en démarrage, a pour sa part dit qu'il avait obtenu l'assurance que des «emplois de qualité» allaient demeurer dans la métropole.

«Intel est un bon complément parce que l'entreprise croit à Montréal», a-t-il analysé.