Déprimés par les perspectives du marché du travail, de plus en plus de jeunes de l'Est du Canada - et surtout du Québec - en quête d'un emploi s'exilent vers l'Ouest du pays, constate une nouvelle étude de l'Institut Fraser.

Intitulé «Allez vers l'Ouest, jeunes adultes», le document de 58 pages dévoilé mardi par le groupe de réflexion de droite dresse un portrait national en ce qui a trait aux vagues migratoires des travailleurs âgés entre 25 et 34 ans entre 2003 et 2012.

Au cours de la dernière décennie, l'Alberta a ainsi accueilli 60 855 résidants de ce groupe d'âge, suivie de la Colombie-Britannique (10 643) et de la Saskatchewan (581).

À l'inverse, toutes les autres provinces ont vu des jeunes s'exiler pour aller travailler ailleurs. L'Ontario, où 27 451 travailleurs âgés entre 25 et 34 ans ont quitté, arrive en tête de liste, suivie du Québec, avec 24 355 personnes.

«L'Ouest du Canada demeure l'endroit où il y a des occasions alors que l'Ontario et le Québec, les deux provinces les plus peuplées, ressemblent maintenant au Canada atlantique avec de moins bonnes perspectives économiques», écrit l'auteur de l'étude, Mark Milke.

Le chercheur reconnaît dans son étude que l'exploitation de ressources naturelles en demande comme le pétrole, le gaz naturel et la potasse explique en partie cette migration de la dernière décennie.

Même si ce ne sont pas toutes les provinces qui bénéficient de la présence des ressources naturelles, reconnait M. Milke, son étude rappelle que certains gouvernements refusent, pour diverses raisons, de les exploiter.

«Un exemple existe au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, écrit-il. Il y a du gaz de schiste dans ces provinces, mais dans les trois cas, un moratoire sur la fracturation hydraulique a été décrété.»

L'Institut Fraser a réalisé son classement en compilant certains indicateurs économiques des 10 provinces, comme le taux de chômage chez les résidants âgés de 25 à 34 ans, le revenu moyen ainsi que les investissements privés.

Sans surprise, l'Alberta est l'endroit où le taux de chômage (4,2%) est le moins élevé chez les jeunes travailleurs, alors que la situation est beaucoup moins reluisante au Québec (7,3%) ainsi qu'en Ontario (7,1%).

«Aujourd'hui, n'importe quel jeune canadien qui désire avoir un emploi à temps plein avec un revenu intermédiaire ou supérieur à la moyenne a plus de chances d'atteindre cet objectif dans l'Ouest du pays», écrit le chercheur.

En se basant sur les plus récentes données disponibles, l'étude souligne qu'en 2012, le salaire moyen d'un travailleur albertain était de 52 207$, loin devant l'Ontario (40 838$) et le Québec (37 106$).

Les investissements privés ont également totalisé 60,5 milliards de dollars dans cette province en 2012, alors qu'ils n'ont été de 43,1 milliards en Ontario et de 25,7 milliards au Québec.

«C'est clairement dans les endroits où les investissements privés sont les plus importants que les meilleurs emplois se trouvent, fait valoir M. Milke. L'Ontario et le Québec (...) perdent leurs meilleurs (travailleurs) au profit des économies plus dynamiques de l'Ouest.»

Son étude souligne que Terre-Neuve-et-Labrador est la province de l'Est qui semble montrer des signes de reprise, entre autres grâce à une augmentation des investissements privés par personne, qui se chiffraient en 2012 à 11 151$, bon pour le deuxième rang au Canada.