La «révolution numérique» s'accélère dans le secteur des services financiers, au point où sa bonne gestion devient déterminante pour la compétitivité des institutions financières et leur survie même à moyen terme, a-t-on entendu hier au Forum FinTech organisé par Finance Montréal.

En contrepartie, ce bond des technologies dans la gestion et la livraison des services financiers s'accompagne d'une croissance rapide des risques d'attaques informatiques qui ciblent les masses de données de comptes clients et les transactions de paiement électronique.

«En matière de cybersécurité, c'est clair qu'il y a un très grand besoin de concertation entre tous les intervenants au niveau de l'industrie [des services financiers], mais aussi des gouvernements et des agences de sécurité pour contrer ce fléau», a indiqué Louis Vachon, président de la Banque Nationale, lors de sa présentation à titre de président d'honneur du Forum FinTech.

«De plus, on constate que des attaques de fraude informatique de plus en plus sophistiquées ne ciblent pas seulement les institutions et les grandes entreprises, mais aussi de plus en plus d'entreprises de taille moyenne. Comme dirigeants d'entreprise, nous devons tous être de plus en plus prudents et revoir nos mesures de cybersécurité.»

Le cas JP Morgan Chase

M. Vachon a cité en exemple les questions sur la cybersécurité auxquelles ses homologues à la direction de la plus grande banque américaine, JP Morgan Chase, ont dû répondre mardi lors de leur présentation des résultats trimestriels. C'était aussi peu de temps après la divulgation par la banque que l'information sur plus de 80 millions de comptes clients aux États-Unis avait été la cible d'une cyberattaque sans précédent dans le secteur bancaire américain.

«La cybersécurité est devenue un enjeu très important dans le secteur des services financiers, et de plus en plus aussi un enjeu de société», selon M. Vachon.

«C'est pourquoi il faut accentuer la collaboration dans notre industrie, d'une part. Mais quand ces attaques proviennent d'agents de gouvernements étrangers, ça ne relève plus que de la cybersécurité dans le secteur financier, ça devient aussi un enjeu de sécurité nationale.»

Cela dit, pour les institutions financières, la prévention et la gestion du risque cybersécurité s'inscrit déjà en tête de liste de leurs critères d'évaluation et d'implantation des innovations technologiques.

Par exemple, à la banque espagnole Caixa, considérée un leader mondial en matière d'innovation et d'implantation de services bancaires par technologies numériques et portables, le vice-président du conseil, Antonio Massanell Lavalier, a confié qu'en matière de cybersécurité, la banque avait aussi dû renforcer considérablement la «surveillance centralisée» de ses systèmes.

Le but? Être en mesure de détecter le plus rapidement possible toute transaction ou tout volume d'activité qui serait «anormal» par rapport aux habitudes des clients de la banque.

À la Société Générale, grand groupe bancaire d'origine française, on a préféré séparer les services de cybersécurité dans une direction distincte des services de développement en technologies de l'information.

«Nous avons fait cette distinction administrative afin d'éviter les conflits d'intérêts possibles entre les objectifs de développeurs de projets, plus centrés sur des critères de livraison et de performance, et les objectifs en cybersécurité, qui peuvent parfois les contrecarrer ou les retarder», a expliqué Carlos Goncalves, directeur mondial des systèmes d'information à la Société Générale, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

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Les services électroniques de plus en plus populaires

Les Canadiens de tout âge apprécient de plus en plus les nouvelles technologies de paiements bancaires, selon un sondage de l'Association des banquiers canadiens publié hier.

Voici les principaux constats de l'enquête:

> 31% des consommateurs utilisent les services bancaires mobiles contre 19% en 2012.

> 57% des consommateurs apprécient le fait d'effectuer un achat avec un appareil mobile et 61%, les paiements par carte sans contact.

> Pour 48% des Canadiens, les transactions en ligne demeurent le moyen le plus populaire pour payer les factures usuelles, suivies par les prélèvements automatiques (18%). Seuls 2% paient leurs factures par chèque.

Pour consulter les résultats du sondage des banquiers canadiens: https://bit.ly/1xyTnEu

Source: Association des banquiers canadiens