L'annonce de HBO voulant que son service de vidéo en ligne soit offert sur abonnement aux États-Unis, permettant aux téléspectateurs de regarder des émissions comme Game of Thrones et True Detective sans passer par un câblodistributeur, pourrait éventuellement faire mal aux entreprises canadiennes qui diffusent actuellement ces séries.

Bien que le service HBO Go ne sera pas immédiatement offert au Canada, l'annonce démontre que la chaîne est prête à suivre un nombre grandissant de téléspectateurs qui annulent leur abonnement au câble en faveur de services comme Netflix.

Selon Drew McReynolds, analyste chez RBC Marchés des capitaux, cette décision de HBO pourrait éventuellement toucher le marché canadien, mais cela ne se fera pas avant plusieurs années compte tenu du contrat de distribution qui lie la chaîne à Corus Entertainment et Bell Média jusqu'en 2018.

Mais HBO Go pourrait percer le marché canadien au terme de ce contrat, estime M. McReynolds.

Corus et Bell n'ont pas répondu aux demandes d'entrevue à ce sujet, mercredi.

Le grand patron de HBO, Richard Plepler, a indiqué mercredi aux investisseurs de sa société mère, Time Warner, qu'il souhaitait cibler les 80 millions de foyers américains n'ayant pas HBO, mais qui pourraient être intéressés par les émissions de la chaîne.

Depuis l'entrée en ondes de HBO, en 1972, les câblodistributeurs exigent de leurs abonnés qu'ils s'abonnent à des forfaits coûteux pour obtenir la chaîne, même si celle-ci est la seule qui les intéresse. Lorsque HBO a lancé le service en ligne HBO Go aux États-Unis il y a quatre ans, ses abonnés devaient quand même payer pour le forfait télé.

Mais un nombre croissant de téléspectateurs ont choisi de «couper le câble» et de consommer leur contenu télévisuel exclusivement sur Internet.

Plus tôt cette année, le CRTC a publié un rapport indiquant que plus de 40% des Canadiens ont déclaré avoir regardé la télévision en ligne en 2013, des données qui s'apparentent à celles enregistrées aux États-Unis, où environ 45% des Américains consomment leur contenu télévisuel en ligne, selon la firme eMarketer.

Netflix a été une influence majeure dans le domaine de la vidéo en ligne, en offrant notamment du contenu original comme les séries House of Cards et Orange is the New Black.

Amazon se bâtit aussi une réputation dans ce domaine, avec son propre service de vidéo en ligne lancé aux États-Unis, où l'entreprise produit des séries comme «Transparent». Amazon ne prévoit pas lancer son service au Canada pour le moment.

Selon le CRTC, 29% des Canadiens anglophones ont dit avoir utilisé Netflix en 2013, contre 2% en 2012.

Les câblodistributeurs et fournisseurs de télévision par satellite ont vu leur nombre d'abonnés diminuer d'environ 100 000 foyers l'an dernier, bien que 11,92 millions de ménages canadiens paient toujours pour des forfaits.

Ces données ont poussé les entreprises canadiennes à défendre leur territoire en signant des ententes d'exclusivité avec des entreprises américaines afin de s'assurer que des séries à succès ne se retrouvent pas dans le catalogue de Netflix au pays.

Le mois dernier, Bell Média a conclu une entente avec HBO pour les droits canadiens du catalogue d'émissions de la chaîne, incluant Sex and the City et The Sopranos.