Les nouvelles règles proposées par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications du Canada (CRTC) sur l'industrie de la télévision payante amèneraient une hausse des coûts pour les consommateurs et des pertes d'emploi, ont affirmé des directeurs de médias.

Une foule de dirigeants d'entreprises médiatiques en colère ont prévenu, mercredi, au troisième jour d'audiences publiques du CRTC à Gatineau, que des jours sombres attendent le monde de la télé au Canada.

Alors que des dirigeants de Bell Media [[|ticker sym='T.BCE'|]] ont fait valoir qu'ils avaient besoin de conditions de concurrence équitable pour faire face aux nouveaux services comme Netflix et YouTube, ils semblaient insister davantage sur des changements de réglementation qui faciliteraient le maintien des profits tout en protégeant le contenu culturel canadien.

Le CRTC a proposé des règlements qui, s'ils étaient adoptés, empêcheraient notamment les stations de télé de remplacer les publicités américaines par des annonceurs canadiens, durant les émissions américaines.

Le conseil souhaite que les consommateurs choisissent à la carte les chaînes auxquelles ils souhaitent s'abonner, en plus d'un service de base qui inclurait surtout des chaînes locales.

Le CRTC suggère aussi de permettre aux stations de télévision locales d'éteindre leur émetteur. Une telle mesure signifierait la fin de la télévision gratuite et forcerait les téléspectateurs à s'abonner à un fournisseur.

Pour le président de Bell Media, Kevin Crull, tout cela ferait plus de tort que de bien, et nuirait davantage à une situation déjà fragile.

Même si le CRTC acceptait toutes ses recommandations, son groupe devrait quand même fermer de sept à neuf chaînes spécialisées, a-t-il dit.

Pour Stuart Garvie, de GroupM Canada, c'est l'économie canadienne qui souffrirait des propositions du CRTC. Empêcher les diffuseurs de remplacer les publicités américaines par des Canadiennes ferait chuter dramatiquement les revenus, selon lui.

Bell Canada Entreprises (BCE) s'inquiète également d'être forcé d'offrir des chaînes à la carte, plutôt que des forfaits, bien que l'entreprise appuie l'idée d'offrir des chaînes individuelles en plus d'un forfait de base allégé.

Le vice-président, Mirko Bibic, a toutefois pressé le CRTC de faire preuve de souplesse afin de permettre aux fournisseurs de bâtir ces forfaits de base selon les besoins de leur clientèle.

Le CRTC propose que le coût de ce forfait de base se situe entre 20 $ et 30 $ par mois.

Les audiences du CRTC, appelées «Parlons télé», visent à élaborer de nouvelles règles pour encadrer les changements dans l'industrie de la télévision amenés par les services technologiques. Elles se poursuivent jusqu'au vendredi 19 septembre.

Le NPD accuse le gouvernement d'interférence

À l'extérieur de la salle d'audience, un débat politique se tramait, alors que les néodémocrates accusaient les conservateurs d'ingérence dans le processus des consultations.

Mardi, le gouvernement de l'Ontario a suggéré que les services de télévision numérique, tels que Netflix, soient soumis à des contributions obligatoires au système canadien de production télévisée.

La suggestion a également été faite par le gouvernement québécois, CBC et des groupes culturels, tant et si bien que la ministre du Patrimoine, Shelly Glover, a dû déclarer que le fédéral n'appuierait pas cette demande.

Mercredi, le Nouveau Parti démocratique a réagi à cette déclaration, accusant Mme Glover d'interférer avec une organisation indépendante et qualifiant de «très déplacée» cette prise de position durant les audiences.

«Les conservateurs savent pourtant très bien que le CRTC est un organisme indépendant, qui doit avoir la latitude de tirer ses propres conclusions», a affirmé le porte-parole du NPD en matière de patrimoine, Pierre Nantel.