Le coût des marges de crédit et des hypothèques à taux variables ne devrait pas changer de sitôt, la Banque du Canada ayant maintenu mercredi son taux d'intérêt directeur à 1%.

Dans un communiqué reposant largement sur le statu quo, la banque centrale a indiqué qu'elle ne s'attendait pas à d'assez gros changements dans l'économie canadienne pour ajuster son taux, qui niche au même niveau depuis quatre ans.

«Dans l'ensemble, les risques entourant les perspectives d'évolution de l'inflation demeurent relativement équilibrés, alors que les risques associés aux déséquilibres dans le secteur des ménages n'ont pas diminué», a expliqué la banque.

Les économistes, qui s'attendaient en grande majorité à ce que le taux directeur ne bouge pas, ont jugé les déclarations de la banque moins sombres - mais pas nécessairement plus optimistes - que lors de sa dernière sortie à ce sujet, en juillet.

«Nous croyons simplement que le message était un peu moins négatif que cet été», a noté l'économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, Doug Porter.

«Je dirais qu'il se déplace pour se rapprocher de la neutralité. Je veux dire, ils ont toujours été dans la neutralité (...) mais nous avions souvent l'impression que c'était une neutralité accompagnée d'un gros «mais» - «mais nous sommes inquiets des risques à la baisse'.»

Certaines expressions ont disparu dans le communiqué de mercredi, notamment les références aux «déceptions successives» vis-à-vis de la performance de l'économie, ainsi que celles sur un «atterrissage en douceur» du marché du logement et sur le fait que la résorption de l'écart de production soit «fortement tributaire» d'un raffermissement des exportations et des investissements des entreprises.

Ces omissions pourraient laisser croire que la banque centrale tente maintenant d'adopter un ton un peu plus optimiste.

«Le plus important se trouve plus dans ce qu'ils n'ont pas dit, plutôt que ce qu'ils ont dit», a poursuivi M. Porter.

Tant à la maison qu'à l'étranger, la banque estime que l'économie se comporte largement comme prévu.

Au Canada, l'inflation continue à s'établir aux environs de deux %, ce que la banque avait jugé conforme à ses attentes en juillet, lorsqu'elle a publié son plus récent rapport sur la politique monétaire.

«Les données récentes renforcent son opinion selon laquelle la hausse de l'inflation observée précédemment était attribuable aux effets temporaires de la montée des prix de l'énergie, de la transmission des variations du taux de change et d'autres facteurs sectoriels plutôt qu'à une modification des facteurs fondamentaux propres à l'économie canadienne», a écrit mercredi la banque centrale.

Mais même si les risques entourant l'inflation restent, dans ses mots, «équilibrés», la Banque du Canada précise que ceux associés à la dette des ménages ne se sont pas dissipés.

La banque s'attend toujours à ce que l'économie tourne à pleine capacité d'ici deux ans, a-t-elle ajouté.

«Dans l'ensemble, le principal message est que la prochaine modification apportée aux taux pourrait toujours être une hausse ou une baisse, largement parce qu'elle est assez distante pour laisser planer l'incertitude quant au moment où elle surviendra ou quant à sa direction», a observé l'économiste en chef de Marché mondiaux CIBC, Avery Shenfeld.

Le communiqué de mercredi notait en outre que même si les exportations canadiennes semblent prendre du mieux, la croissance devra se poursuivre pour que les compagnies augmentent leurs investissements et leurs embauches.

«Bien qu'un nombre croissant de secteurs d'exportation semblent avoir amorcé le virage de la reprise, il faudra que ce redressement se poursuive avant de se traduire par des investissements des entreprises et des taux d'embauche plus élevés», a-t-elle indiqué.

La banque centrale a aussi noté que l'activité du marché du logement était plus vigoureuse qu'elle ne l'avait prévu.

Du côté de l'économie mondiale, la banque n'a pas relevé de grande surprise. La reprise en Europe semble «s'essouffler», a-t-elle écrit, tandis que l'économie américaine semble avoir «renoué avec une reprise solide», en partie grâce aux meilleurs investissements des entreprises.

«Les conditions financières mondiales demeurent très favorables et les rendements obligataires à long terme ont reculé encore un peu plus», a-t-elle ajouté.

La prochaine annonce de la Banque du Canada au sujet de son taux d'intérêt directeur est prévue pour le 22 octobre. C'est aussi à ce moment qu'elle doit publier la mise à jour de son rapport sur la politique monétaire.