La future commission d'examen sur la fiscalité québécoise donnera son avis sur la pérennité des crédits d'impôt aux entreprises que le gouvernement du Québec a réduits de 20% dans son récent budget. S'il n'en tient qu'au ministre des Finances, Carlos Leitao, le gouvernement favorisera une baisse du taux d'imposition au lieu du maintien des crédits d'impôt spécifiques.

Le ministre Leitao était invité hier midi par la chambre de commerce du Montréal métropolitain à venir expliquer son budget déposé la semaine dernière. À deux reprises - une fois pendant son allocution et plus tard en point de presse avec les journalistes -, il a clairement affiché sa préférence pour des mesures universelles plutôt que pour le maintien en place de la panoplie (on en dénombre plus de 25) des crédits d'impôt aux entreprises.

«Il y a d'autres outils»

«Je pense que j'ai été assez clair, a insisté M. Leitao auprès des journalistes. Notre préférence en ce qui concerne l'aide aux entreprises, c'est d'avoir un régime complètement différent. C'est d'avoir quelque chose de plus général, avec des taux d'imposition beaucoup plus bas applicables à tout le monde, plutôt que d'essayer de cibler des secteurs particuliers. Si on juge que c'est nécessaire et utile de cibler une entreprise en particulier, il y a d'autres outils [que les crédits d'impôt] que le gouvernement a à sa disposition», a-t-il ajouté.

Des propos qui ont de quoi inquiéter le président et chef de la direction de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc qui craint que les compressions de 20% des crédits d'impôt nuisent aux nouveaux investissements.

«[Dans son budget, le gouvernement] a ciblé des crédits d'impôt touchant la créativité, une des bases de l'économie de Montréal, a souligné M. Leblanc. On a dit au gouvernement: attention, il y a des dangers. [...] Si nos crédits d'impôt demeuraient en deçà de ce qu'on a dans d'autres juridictions, ça amènerait possiblement un déplacement des investissements», a-t-il dit.

M. Leblanc a toutefois ajouté qu'il préférerait une baisse généralisée du fardeau fiscal des entreprises au maintien intégral des crédits d'impôt, tout en insistant pour que le travail d'analyse des retombées de chacun des crédits d'impôt soit entrepris rapidement.

Pour ce qui est des conséquences immédiates des compressions de 20% des crédits d'impôt sur les nouveaux investissements, le ministre ne paraît pas trop s'en faire. «On ne va pas sauter immédiatement à des scénarios négatifs. On n'a rien aboli. On a réduit de 20%, mais 80% restent là. Maintenant, avec la commission de réforme de la fiscalité, on va examiner les programmes un à un.»