Le paysage obligataire s'est nettement éclairci depuis quelques jours, ce qui permet à Québec de combler plus aisément ses besoins financiers. Et ce, pour plusieurs raisons.

On sait que le pessimisme de la Banque du Canada exprimé la semaine dernière signale que son taux directeur ne devrait pas bouger l'an prochain, ce qui est de nature à rassurer les intervenants du marché obligataire et à faire pression à la baisse sur les coûts d'emprunt d'Ottawa, dont les taux déterminent ceux des provinces.

Le report, à la fin de l'hiver, du débat acrimonieux au Congrès sur le relèvement du plafond de la dette américaine et du début du ralentissement de la planche à billets de la Réserve fédérale américaine (Fed) maintiendra les taux américains à de faibles niveaux et, en corollaire, les taux canadiens aussi.

Enfin, on a la confirmation depuis le week-end de la rumeur grandissante voulant que ce ne soit pas l'intention du gouvernement Marois de déclencher des élections cet automne.

Bref, les investisseurs qui étaient plutôt vendeurs de titres de crédit au début du mois sont redevenus acheteurs.

C'est dans ce contexte que Québec est passé à l'action, deux fois plutôt qu'une.

Jeudi, il a réussi à amasser 1 milliard grâce à une émission de billets à taux flottant (BTF), venant à échéance en mai 2019. Le taux consenti est de 29 centièmes de plus que le CDOR (Canadian Dealer Offered Rate), qui sert d'étalon pour les BTF. La demande a été très forte. Les investisseurs étaient disposés à s'en procurer jusqu'à concurrence de 3 milliards, ce qui a permis d'emprunter à meilleur taux.

Ce faisant, la province a complété en une seule émission les besoins d'argent de Financement Québec pour l'année en cours. FQ regroupe les emprunts des organismes qui sont à l'extérieur du périmètre budgétaire de Québec, comme les universités qui ne font pas partie du réseau de l'Université du Québec.

Hier, c'était au tour d'Hydro-Québec de venir au marché avec une émission de 500 millions, venant à échéance en 2050. Le succès a été tel qu'il aura permis à la société d'État d'amasser l'équivalent de 700 millions environ, puisqu'elle a consenti un taux équivalant à 4,125% alors que le coupon du titre est de 5,0%. Cette émission réussie complète presque totalement ses besoins d'emprunt pour l'année en cours.

Québec a encore besoin de 700 millions pour compléter ses besoins de 10,7 milliards pour l'exercice en cours. Dans l'hypothèse, bien sûr, qu'il parvienne à l'équilibre budgétaire.

Dans l'éventualité hautement probable qu'il n'y parvienne pas, l'avancement de son programme d'emprunts (complété à plus de 95% à cinq mois de la fin de l'année financière) va sans aucun doute lui laisser des fenêtres d'opportunité sur le marché.

À moins, bien sûr, que la synthèse d'automne de l'état des finances publiques fasse état non seulement de rentrées fiscales inférieures aux attentes, mais surtout de la non-maîtrise des dépenses.

Vendredi, Québec n'a pas publié son bilan mensuel des finances publiques pour juillet. Cela est un bon indice que la synthèse s'en vient.

Québec n'empruntera plus d'ici sa publication, comme le veut la bienséance obligataire.