Pourquoi Verizon et les autres géants étrangers des télécoms ne viendront-ils finalement pas au Canada pour offrir de la téléphonie sans fil? Entre autres parce qu'il leur aurait été «plus difficile» de concurrencer les entreprises déjà établies sans pouvoir offrir la distribution télé, selon le président du CRTC.

«Une entreprise qui n'a pas une plateforme de distribution télé a un désavantage dans le marché. Je peux voir que l'argument d'affaires [entrer seulement dans le sans-fil] est plus difficile quand on sait que les autres font des forfaits», a dit Jean-Pierre Blais, président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), en entrevue à La Presse.

M. Blais n'a pas voulu se prononcer sur le débat entourant les enchères du spectre sans fil, qui sont sous la responsabilité d'Industrie Canada. Mais le rapport annuel du CRTC sur les communications, dévoilé hier, contribuera certainement au débat particulièrement animé l'été dernier entre Ottawa et le Big 3 (Bell, Telus, Rogers) sur la concurrence dans le sans-fil.

Selon le rapport du CRTC, le Canada est de façon générale le cinquième pays le plus cher pour le sans-fil sur six pays étudiés par l'organisme réglementaire en 2012 (Canada, États-Unis, Royaume-Uni, France, Australie, Japon). Pour les forfaits groupés (téléphone résidentiel, téléphone sans fil et internet), le Canada se classe toujours troisième, derrière la France et le Royaume-Uni. Le Canada, qui offre toutefois la plus grande vitesse 4G LTE, faisait légèrement meilleure figure l'an dernier. «On voit une certaine pression à la baisse sur les prix, mais ce n'est pas idéal», dit Jean-Pierre Blais, qui souligne la complexité de comparer les prix au Canada et à l'étranger.

«Il faut constater qu'il y a eu un impact dans le marché à la suite de l'arrivée des nouveaux joueurs en 2008, continue M. Blais. Est-ce qu'ils ont de la difficulté à avoir encore plus d'impact? C'est difficile à mesurer. Est-ce que les prix auraient été plus élevés et y aurait-il eu autant de diversité de choix pour les consommateurs, n'eût été la présence des nouveaux entrants en 2008? C'est difficile à prouver par la négative.»

Le nouveau code en décembre

Le CRTC estime avoir contribué, à l'intérieur de sa juridiction, à rendre le marché du sans-fil concurrentiel au bénéfice des consommateurs, notamment en adoptant un code qui entrera en vigueur en décembre.

«Que ça découle ou non de notre action, on a vu les entreprises [ex.: Bell] baisser récemment leurs frais d'itinérance aux États-Unis, dit Jean-Pierre Blais. C'est un marché qui s'adapte. Les entreprises doivent lire les mêmes commentaires du public que ceux que nous recevons.»