Plusieurs analystes financiers doutent de la capacité du fonds d'investissement privé canadien Fairfax Financial de mener à bien l'acquisition de l'entreprise en difficulté BlackBerry au coût de 4,7 milliards US. Une surenchère leur paraît encore plus improbable.

Signe du scepticisme ambiant, les actions de BB ont d'ailleurs chuté de 3%, à 8,78$, hier, bien en deçà du prix de 9$US pièce actuellement sur la table.

Voici ce qu'en disent les experts.

Kris Thompson, Financière Banque Nationale

Une révision à la baisse du prix offert aux actionnaires est plus vraisemblable qu'une surenchère sur ce qui était Research In Motion, selon Kris Thompson, de la Financière Banque Nationale, qui souligne que la lettre d'intention du consortium demeure notamment conditionnelle à l'obtention du crédit requis. L'analyste réputé conseille aux porteurs de vendre ces actions et d'investir plutôt dans l'éditeur de logiciels Open Text, de Waterloo.

Michael Walkley, Canaccord

Michael Walkley, de la firme financière canadienne Canaccord Genuity, qui recommandait jusqu'à récemment la vente du titre qu'il évaluait à 8$ pièce, estime que la cession du fabricant de téléphones multifonctions était inévitable, vu la dégradation rapide de ses affaires. «Il y a une faible probabilité que le BB 10 puisse ramener BlackBerry à une rentabilité soutenue, et ce, malgré les récentes coupes en profondeur dans les coûts», écrit l'analyste.

Todd Coupland, CIBC Marchés mondiaux

Todd Coupland, de CIBC Marchés mondiaux, prévoit pour sa part une bonification de l'offre providentielle de Fairfax, «la première, mais pas la dernière». L'analyste estime à 20$US par action la valeur des différents actifs de l'entreprise, mais il applique un important escompte qui ramène cette valeur à 12$ par action, ou 9,65$ en excluant l'encaisse. Selon lui, Mike Lazaridis serait en discussion avec plusieurs fonds d'investissement, dont Blackstone et Carlyle, pour racheter la société dont il a cédé les rênes au début de 2012. Il estime à 50% les chances de voir une surenchère.

Kulbinder Garcha, Crédit Suisse

La recommandation de Kulbinder Garcha, du Groupe Crédit Suisse, est passée de "vente" à "neutre" à la suite du dépôt de l'offre du consortium mené par le groupe financier Fairfax. Le prix sur la table reflète le risque de l'opération, croit-il. L'analyste, qui estimait le potentiel du titre à au plus 8$US, envisage une valeur nette de 7$US, advenant l'échec de la transaction. Selon lui, il est impensable que le BB 10, dernière création de BlackBerry, puisse regagner tout le terrain perdu sur le marché du cellulaire.

Jim Suva, Citi

«L'obtention du financement présente un risque réel, étant donné la gravité de la détérioration des affaires», écrit la Citi dans une note à ses clients. La banque d'affaires américaine doute même que Fairfax puisse s'allier d'autres investisseurs. Citi réitère sa recommandation de vente et abaisse son cours cible pour BlackBerry de 9 à 7$US, citant le "stupéfiant" échec de l'entreprise qui a prévenu les investisseurs, vendredi dernier, qu'elle s'attendait à une perte d'exploitation de près de 1 milliard pour le deuxième trimestre.

- Avec Bloomberg