Le géant américain des télécommunications Verizon rachète la participation de Vodafone dans Verizon Wireless pour 130 milliards de dollars.

Vodafone, une société britannique de télécoms, possédait 45 % des actions du fournisseur américain de téléphonie mobile.

Il s'agirait de la deuxième transaction la plus importante de l'histoire, selon des observateurs.

Cette transaction devrait permettre à Vodafone de poursuivre son expansion en Europe. L'entreprise britannique souhaite acquérir d'autres fournisseurs de service de téléphonie sans fil et prendre de l'expansion dans le lucratif marché des services mobiles.

Par ailleurs, l'entente annoncée lundi permettra à Verizon Communications d'augmenter ses revenus trimestriels, alors qu'elle n'aura plus besoin de partager avec Vodafone une partie de ses recettes provenant du plus important joueur du marché américain de la téléphonie cellulaire.

L'offre d'achat doit encore obtenir l'approbation des autorités réglementaires et des actionnaires des deux entreprises. Le tout devrait être finalisé au premier trimestre de 2014.

La transaction ne devrait pas avoir d'impact important sur les clients de Verizon ou ses activités. Vodafone avait peu d'influence sur les activités quotidiennes de Verizon Wireless, et les deux partenaires se sont tenus à distance de leurs territoires respectifs.

Le partenariat entre Verizon et Vodafone avait débuté en 2000, lorsque ce qui était alors Bell Atlantic a combiné son réseau de la côte est avec les activités de Vodafone sur la côte ouest. Vodafone avait fait son entrée sur le marché américain l'année précédente en offrant davantage d'argent que Bell Atlantic pour acheter AirTouch Communications, de San Francisco.

Alors que Verizon et Vodafone ont prospéré en bâtissant les infrastructures pour le sans-fil, la majorité de la croissance réside aujourd'hui dans l'offre de services pouvant être utilisés sur des téléphones intelligents à l'aide de connexions sans fil haute vitesse, a indiqué Victor Basta, directeur de la gestion chez Magister Advisors.

«Alors que Vodafone a poursuivi sa stratégie, les fournisseurs se sont engagés dans une lutte avec des marques numériques telles que Google, Facebook et eBay pour se partager une part du gâteau», estime M. Basta.

«Pour ces meneurs numériques, l'emporter sur les appareils mobiles n'est pas un luxe: c'est plutôt essentiel pour leur propre succès. L'écran mobile est désormais l'écran principal dans la majorité des marchés occidentaux.»

Verizon envisageait depuis longtemps de racheter la participation de son partenaire Vodafone, mais les deux entreprises ne s'étaient pas encore entendues sur un prix. Des analystes estiment que Verizon voulait payer environ 100 milliards de dollars US pour la part de Vodafone, alors que d'autres informations portent à croire que Vodafone faisait plutôt pression pour obtenir les 130 milliards de dollars US qui seront finalement déboursés.

La plus importante transaction de l'histoire avait été la prise de contrôle en 2000 de la société allemande Mannesman AG par Vodafone, justement, pour la somme de 172 milliards de dollars US, selon la firme Dealogic.

Des rumeurs laissaient entendre cet été que Verizon envisageait d'entrer sur le marché canadien, quand l'entreprise a fait une offre initiale pour acheter Wind Mobile et a entamé des discussions avec Mobilicity, deux petites entreprises canadiennes de téléphonie sans fil.

Mais il semble maintenant que Verizon ait abandonné ses projets d'acquisition de nouveaux joueurs canadiens, et songerait plutôt à participer aux enchères de janvier prochain sur les spectres d'ondes.

Les entreprises de télécommunications feront alors des offres sur les ondes hertziennes nécessaires pour faire fonctionner un réseau de téléphonie sans fil.

Le gros lot de Vodafone devrait profiter à l'économie britannique

En quittant le sol américain avec un trésor de 130 milliards de dollars, le groupe britannique des télécoms Vodafone va injecter des milliards au Royaume-Uni via un dividende exceptionnel à ses actionnaires, et disposer de moyens conséquents pour assurer son avenir.

Vodafone et Verizon ont annoncé après plusieurs jours de suspense être parvenus à un accord concernant la vente des actifs américains du Britannique, surtout constitués de ses 45 % dans Verizon Wireless, à son partenaire américain.

Experts et médias n'avaient pas attendu cette annonce officielle pour procéder par avance à la répartition du pactole qui, selon eux, devait être moitié en numéraire, moitié en actions. Au final, il parviendra principalement en deux blocs: 58,9 milliards de dollars (38 milliards de livres) en numéraire et 63,7 milliards de dollars (41,2 milliards de livres) en actions Verizon (60,2 milliards de dollars) et Vodafone Italy  (2,5 milliards de dollars, 23 % du capital).

Certains sont même allés jusqu'à comparer cette «injection massive» de liquidités dans l'économie britannique aux mesures de soutien à l'économie de la Banque d'Angleterre, qui a procédé à 375 milliards de livres de rachats d'actifs depuis mars 2009.

Car le groupe britannique va échapper à une lourde taxation de 40 milliards de livres (sur une transaction totale de 84 milliards de livres). Il ne va acquitter que 5 milliards de dollars au fisc américain, a-t-il confirmé, en vertu notamment d'une législation britannique de 2002.

Si le manque-à-gagner est conséquent pour les caisses d'un État britannique à la peine, l'opération devrait néanmoins profiter à l'économie du pays : les actionnaires de Vodafone vont recevoir 71 % du produit net de la cession, soit environ 84 milliards de dollars (54,3 milliards de livres). Parmi eux figurent plusieurs fonds de pension, détenant chacun autour de 10 % de son capital.

Selon le groupe de services financiers Hargreaves Lansdown qui a effectué ses calculs avec un dividende exceptionnel de 40 milliards de livres, un investisseur détenant pour 5 000 livres (5 850 euros) d'actions Vodafone, pourrait recevoir quelque 2 000 livres de dividende dans le sillage de cette opération, la deuxième plus importante jamais réalisée dans le monde. Un coup de pouce, qui s'ajouterait au bond proche de 12 % de l'action en une semaine.

En ce qui concerne tout ce qu'il va conserver par-devers lui, les analystes s'attendaient à ce que Vodafone l'utilise pour faire des emplettes, rembourser une partie de sa dette ou encore procéder à des rachats d'actions pour amoindrir la pression de ses actionnaires en ce qui concerne les dividendes.

À ce sujet, le groupe a simplement indiqué qu'il allait dépenser 6 milliards de livres supplémentaires sur les trois prochaines années pour financer sa croissance organique (accélération du déploiement de la 4G, élargissement de la 3G, etc.).

«Nous avons évoqué à plusieurs reprises la nécessité pour Vodafone d'acheter des actifs européens pour répondre aux pressions en ce qui concerne la convergence des activités, et cela s'est concrétisé avec la récente transaction en Allemagne», écrivaient les analystes de Deutsche Bank, dans une note.

«Cependant, nous attendons de Vodafone qu'il comble d'autres vides comme en Europe du sud qui est clairement une région qui sous-performe», ont-ils noté.

De chasseur à proie?

Cet accord intervient deux mois après l'annonce du rachat par le britannique du numéro un allemand du câble Kabel Deutschland pour 7,7 milliards d'euros.

Et un mois après le lancement de la réorganisation de ses activités en Europe au sein d'un pôle unique afin d'améliorer son efficacité. Vodafone s'est également récemment allié au français Orange (France Télécom) pour investir dans le déploiement de la fibre optique en Espagne.

Vodafone disposera désormais de fonds conséquents pour renforcer son offre «quadruple play» (TV, internet, téléphone fixe et mobile) si prisée par les groupes de télécoms.

Mais, souligne le stratégiste du courtier Tradenext Ronnie Chopra, Vodafone devient désormais une proie alléchante pour ses pairs, en particulier pour l'Américain AT&T qui aurait montré son intérêt pour peu qu'il abandonne sa co-entreprise américaine.

«Vodafone est présent sur des marchés à forte croissance comme l'Afrique et l'Asie qui sont recherchés par de possibles prédateurs», a-t-il relevé.

Vodafone a réalisé un chiffre d'affaires de 44,44 milliards de livres sur l'exercice 2012/13 achevé fin mars, subissant un effondrement de son bénéfice à 673 millions de livres (7 milliards en 2011/12) du fait des difficultés en Italie et en Espagne.

Au Royaume-Uni, où il compte 19,2 millions de clients dans la téléphonie mobile, le groupe affronte une vive concurrence alors que les utilisateurs cherchent à réduire leurs factures.