La baisse des taux d'intérêt obligataires depuis vendredi, nourrie par l'éventuelle riposte militaire à l'utilisation par Damas d'armes chimiques contre le peuple syrien, a été interrompue hier.

Les taux sur les obligations du Trésor américain venant à échéance dans 10 ans se sont appréciés de 8 centièmes, à 2,79%. Ce n'est pas encore la barre des 2,90%, mais c'est un signe indéniable que la tendance profonde des taux reste à la hausse.

L'incertitude à propos des représailles contre le gouvernement syrien s'est quelque peu dissipée hier. Il est tout juste question de frappes chirurgicales imminentes.

L'appétit pour le risque ou une certaine satiété envers la dette américaine s'est manifesté aussi hier au cours d'une enchère de 35 milliards de dollars d'obligations venant à échéance dans cinq ans. Le ratio de couverture, qui reflète l'engouement des prêteurs, était seulement de 2,38. Le ratio moyen des 10 enchères précédentes était de 2,74.

L'optimisme repose aussi en partie sur le fait que l'économie américaine a crû au deuxième trimestre sans doute plus que l'estimation de 1,7% annoncée le mois dernier. Les prévisionnistes s'attendent désormais à la confirmation ce matin d'une croissance annualisée de 2,2%.

Cela réalimente la spéculation sur la réduction du rythme d'achats mensuels de 85 milliards d'obligations du Trésor américain et de titres adossés à des créances hypothécaires par la Réserve fédérale américaine (Fed).

La remontée des taux obligataires, si elle devait persister, viendra compliquer la tâche des banquiers centraux qui s'attendaient à une réaction moins vive des participants aux marchés.

Mardi, le sous-gouverneur de la Banque du Canada, John Murray, a qualifié de "démesuré" l'effet des déclarations de la Fed quant à une prochaine décélération de l'expansion monétaire. Il a insisté sur la différence entre «réduire le rythme d'accroissement de la détente monétaire», tel que souhaité par la Fed, et «réduire le degré de détente monétaire», une réalité qui n'est pas envisagée avant le printemps 2015.

Hier, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a de son côté voulu lui aussi remettre les pendules à l'heure. Les taux sur les obligations de 10 ans du Royaume-Uni sont partis à la hausse depuis un mois. Ils ont gagné 21 centièmes.

Dans un effort de transparence, le 7 août, M. Carney avait indiqué que le taux directeur allait demeurer à son plancher historique de 0,5% tant que le taux de chômage ne se serait pas stabilisé à un maximum de 7%. À son avis, cela surviendra en 2016. Il était de 7,6% le mois dernier.

L'économie britannique prend toutefois du mieux rapidement, au point où les spéculateurs parient sur un taux de chômage à 7% bien avant 2016.

Hier, M. Carney a voulu préciser qu'un taux de chômage de 7% ne sera pas le signal d'une remontée des taux, mais celui d'une réévaluation de la politique monétaire.

C'est transparent, mais force est de constater que les marchés éprouvent bien des difficultés à comprendre les déclarations nuancées des autorités monétaires à qui il ne reste guère d'autres outils que la communication.