Les consommateurs souhaitent une plus grande concurrence dans le marché des télécommunications sans fil, mais ils s'opposent farouchement à ce que le gouvernement fédéral favorise les entreprises canadiennes comme Bell (T.BCE) ou Telus (T.T), ou encore des entreprises étrangères comme Verizon (VZ).

En somme, les Canadiens, dans une forte proportion de 83%, estiment qu'Ottawa doit privilégier la libre concurrence sans favoriser un acteur en particulier, selon un sondage mené par la firme Nanos.

Les résultats de ce sondage téléphonique, réalisé auprès de 2000 Canadiens du 12 au 19 août, risquent d'alimenter la guerre de mots que se livrent les trois grands des télécommunications sans fil au pays - Bell, Telus et Rogers - et le ministre de l'Industrie, James Moore, depuis quelques semaines.

Ces entreprises voient d'un très mauvais oeil l'arrivée éventuelle du géant des télécommunications américain Verizon, qui aurait des vues sur deux des quatre blocs de spectre qui seront mis aux enchères par le gouvernement fédéral d'ici quelques mois. Le sondage a d'ailleurs été commandé par Bell et Telus.

Le coup de sonde démontre que les Canadiens souhaitent une plus grande concurrence, mais qu'ils tiennent à ce que les entreprises canadiennes demeurent viables. Si Ottawa devait en venir à favoriser un acteur, 70% des répondants croient qu'il faudrait d'abord soutenir l'industrie canadienne, 25% estiment que le gouvernement fédéral doit rester neutre et seulement 2% des Canadiens croient que l'on doit donner un coup de pouce à une entreprise étrangère.

«Le message des Canadiens est assez clair. Ils ne veulent pas que le gouvernement réglemente le marché pour favoriser un acteur en particulier», a expliqué Nik Nanos, président de la firme de sondage Nanos.

Dans une proportion de sept contre un, les Canadiens estiment aussi que les entreprises d'ici sont mieux à même de créer des emplois et d'offrir de meilleurs services dans les milieux ruraux que les sociétés étrangères qui tentent de s'enraciner au pays.

Une pente à remonter

Ce sondage comporte tout de même une mauvaise nouvelle pour les Bell, Telus et Rogers de ce monde. Seulement deux Canadiens sur trois (67%) se disent satisfaits des services qu'ils obtiennent de ces entreprises, tandis que 25% se disent insatisfaits (5% des répondants disaient être incertains et 4% ont dit ne pas avoir de services sans fil).

Mais ce ne sont pas les factures liées aux services de télécommunications qui font le plus rager les consommateurs. Si le gouvernement fédéral veut donner un coup de pouce aux Canadiens, ces derniers souhaitent qu'il s'attaque d'abord et avant tout au prix de l'essence (45%) et aux droits de scolarité (33%), qui sont plus élevés dans le reste du pays qu'au Québec, avant de prendre de front les entreprises des télécommunications (7%).

«Le prix de l'essence est ce qui fait le plus rager les consommateurs, et de loin», a analysé Nik Nanos. Le sondage comporte une marge d'erreur de plus ou moins 2%, 19 fois sur 20.

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Une bataille sur le plan politique

La vente aux enchères de blocs de spectre donne déjà lieu à une impressionnante bataille politique entre le gouvernement Harper, le Nouveau Parti démocratique et le Parti libéral du Canada.

D'aucuns tentent de se présenter comme le champion des droits des consommateurs. Dans sa réplique à la campagne que mènent Bell, Telus et Rogers, le ministre James Moore affirme que sa priorité est d'encourager la concurrence.

Jugeant ce dossier crucial pour l'avenir des télécommunications sans fil, le NPD a réclamé une réunion d'urgence du comité de l'industrie de la Chambre des communes. «Le Parlement a la responsabilité de faire tout en son pouvoir pour mettre de l'ordre dans ce dossier et assurer aux Canadiens qu'ils tirent un maximum d'avantages de la situation», a écrit lundi la députée néo-démocrate Chris Charlton.

Mais le premier ministre Stephen Harper a éliminé cette option le même jour en annonçant qu'il demandera la prorogation du Parlement.

Les conservateurs se sont clairement positionnés du côté de la libre concurrence. «Pour les trois grands [Bell, Rogers et Telus], l'enjeu, c'est l'arrivée de Verizon. Mais pour nous, ce n'est pas le cas. Pour notre gouvernement, c'est une question d'avoir plus de concurrence dans le marché", a affirmé le ministre de l'Industrie, James Moore, au Huffington Post.