Même si Québec Amérique perce actuellement les pays émergents (Inde, Russie, pays asiatiques) avec la version imprimée du Dictionnaire visuel, l'entreprise confirme une baisse des ventes en Europe et en Amérique.

«Comme plusieurs lecteurs se procurent des tablettes et se paient des abonnements sur internet, leur budget évolue, note Caroline Fortin, directrice générale de Québec Amérique. On doit s'adapter rapidement pour rejoindre leurs nouvelles habitudes. Mais ç'a toujours été important pour nous d'être à l'affut des nouvelles technologies. Rappelons-nous qu'il n'y a pas si longtemps, nous étions parmi les premiers à lancer les cédéroms.»

Avec l'accès rapide aux définitions sur internet, l'achat des dictionnaires est devenu moins essentiel pour certains consommateurs. Toutefois, le sceau de qualité des spécialistes vaut encore son pesant d'or, selon Carine Girac-Marinier, directrice du département dictionnaire et encyclopédie chez Larousse.

«Contrairement aux définitions sur internet qui ne sont pas écrites et revues par un lexicographe, le contenu web de Larousse est entièrement créé par des éditeurs de notre département, précise-t-elle. Nous nous mettons au goût du jour en misant sur la complémentarité des supports avec des illustrations, des vidéos et des sons, ainsi qu'un classement thématique de 85 000 articles sur les grands sujets du savoir.»

Avec son site web et la création d'une vingtaine d'applications de dictionnaires français et bilingues pour téléphones mobiles et tablettes, Larousse est loin de ses origines papier. «Dès la création de l'entreprise en 1852, le mot d'ordre de Pierre Larousse était de semer le savoir sous toutes ses formes, souligne Mme Girac-Marinier. Nous devons continuer sa mission, quel que soit le support. Nous avons encore un public très attaché au papier, mais nous voulons également toucher les nouvelles générations.»

Des millions en jeu

Après avoir investi des sommes faramineuses dans le développement de ses contenus (15 millions en 25 ans uniquement pour le Visuel), Québec Amérique est déterminée à poursuivre sur sa lancée.

En février dernier, Samsung lançait sa nouvelle tablette avec l'application mobile du Visuel du Corps Humain. Les mois suivants, des versions traduites ont connu un succès monstre, particulièrement en Italie et dans les pays hispanophones. «C'est une expérience entièrement adaptée à la tablette, mentionne Caroline Fortin. Notre équipe a remanié le contenu pour y naviguer du bout des doigts. La sensation du livre n'y est plus.»

Autres nouveautés chez Québec Amérique: version mobile du Visuel dans une dizaine de langues, création d'un guide de premiers soins avec une partie du contenu de l'Encyclopédie familiale de la santé, portail web Ikonet, contenu multimédia offert dans le catalogue du National Geographic, licences de contenu vendues dans les écoles et les bibliothèques, vente d'illustrations à de multiples usages.

Alors que l'application du Corps Humain coûte 4,95$ et que celles des dictionnaires Larousse se détaillent entre 6,50$ et 10,50$, les objectifs de profitabilité ont considérablement changé.

«Malgré son succès, l'application du Corps Humain commence tout juste à être rentable, soutient Mme Fortin. Puisqu'on ne peut pas vendre une application 54$ comme un dictionnaire, il faut faire des choix très judicieux. Les contenus que nous adaptons doivent répondre à des besoins à travers le monde. Depuis deux ans, nous avons une équipe entièrement dédiée à chercher de nouvelles façons de diffuser nos contenus.»