La Réserve fédérale américaine (Fed) reste déterminée à poursuivre longtemps encore sa politique monétaire extrêmement accommodante, qui inclut des achats mensuels de 85 milliards US d'obligations du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires.

Pas de hausse de son taux directeur - qui évolue dans une fourchette de 0 à 0,25% depuis décembre 2008 - avant 2015, peut-on conclure des prévisions des 19 membres de son Comité de politique monétaire, publiées hier.

En fait, 14 d'entre eux ne voient pas de hausse avant 2015, avec pour résultat que la moyenne de leur prévision donne un taux de 0,8% à la fin de 2015, selon les calculs de BMO Marchés des capitaux.

Tant dans son communiqué que dans les déclarations à la presse de son président Ben S. Bernanke, la Fed juge que son taux directeur va demeurer exceptionnellement faible, longtemps même après que la reprise sera bien en marche et qu'elle aura mis fin à sa politique d'achats de titres, ce que le jargon financier surnomme la troisième ronde de détente quantitative (DQ3).

Les discours dissonants de certains gouverneurs régionaux ont peu pesé dans la décision. Seule Esther L. George, de Kansas City, enregistre sa dissidence pour la deuxième fois d'affilée.

Avant toute hausse du taux directeur, il faudra que trois conditions soient remplies: le taux de chômage sera descendu de manière durable sous les 6,5%, les perspectives d'inflation sur un horizon de un à deux ans devront dépasser les 2,5%, et les attentes inflationnistes à long terme devront rester bien ancrées.

Bref, un taux de chômage de 6,5% ne marquera pas le signal d'une prochaine hausse de taux, si l'augmentation des prix à la consommation reste faible.

La Fed s'attend à ce que le taux d'inflation reste sous les 2% jusqu'à la fin de 2015.

Le taux de chômage pourrait par contre passer sous la barre de 6,5% dès 2015. Le mois dernier, il s'élevait à 7,7%, un niveau «encore élevé», selon M. Bernanke.

Compte tenu de la stagnation observée durant l'automne, la Fed abaisse aussi quelque peu son scénario de croissance. En 2013, le rythme d'expansion devrait osciller entre 2,3 et 2,8%, soit deux dixièmes de moins que dans le scénario de décembre. Pour l'an prochain, le haut de la fourchette est ramené de 3,5% à 3,4%.

La Fed juge que le passage à vide de l'automne est terminé. Le marché du travail s'améliore, la consommation et l'investissement progressent un peu et le secteur de l'habitation prend toujours du mieux. Cela est neutralisé en partie par des restrictions fiscales et budgétaires plus élevées que ce qui avait été escompté en décembre. M. Bernanke juge raisonnable l'évaluation du Comité budgétaire du Congrès (CBO), selon qui les coupes budgétaires et l'augmentation des prélèvements fiscaux amputeront 1,5 point de pourcentage à la croissance cette année.

Le président de la Fed a longuement expliqué devant la presse que les achats dans le cadre de la DQ3 seront l'objet d'un suivi étroit et continu. Si la croissance s'accélère, ils pourraient diminuer. Si un nouveau ralentissement devait survenir, ils pourraient de nouveau augmenter.

Cette façon de faire, qui sera téléguidée, vise la plus grande transparence possible pour les marchés financiers.

Enfin, la Fed juge toujours que les risques baissiers à son scénario prédominent.