L'économiste en chef de la Banque mondiale (BM) a appelé jeudi les grandes banques centrales à «coordonner» leurs opérations d'injection de liquidités afin d'en limiter les retombées sur les pays émergents et éloigner le spectre d'une guerre des monnaies.

«Il y a eu beaucoup de discussions sur une guerre des monnaies (...) et je pense que c'est à la fois irréfléchi et prématuré, mais il faut comprendre que certaines politiques (monétaires) peuvent avoir des effets indésirables», a déclaré Kaushik Basu lors d'un colloque à Washington.

Les récentes mesures d'assouplissement monétaire au Japon et les injections massives de liquidités aux États-Unis, destinées à soutenir l'économie de ces pays, ont ravivé la crainte d'une guerre des monnaies qui verrait les grandes puissances dévaluer artificiellement leur devise pour doper leurs exportations.

«Quand un pays injecte, seul de son côté, des liquidités (...), nous savons que cela a des conséquences sur le reste du monde», a souligné M. Basu, en écho aux récriminations des pays émergents qui se disent déstabilisés par l'afflux de capitaux sur leur territoire.

À un certain moment, ces pays émergents ne s'en «sortiront pas mieux», connaîtront une plus grande inflation et leur économie sera «désordonnée», a-t-il ajouté.

Afin d'éviter ces effets indésirables et toute dévaluation compétitive, le chef économiste de la BM préconise que les injections de liquidité en soutien à l'économie soient réalisées au même moment par les plus grandes banques centrales.

«L'effet sur les taux de change seront réduits parce que vous (injecterez des liquidités, nldr) mais que d'autres le feront également», a assuré M. Basu, qui estime également que les flux de capitaux vers d'autres pays seront alors asséchés.

«Mon intuition est que les pays injecteraient bien moins de liquidités avec une action coordonnée qu'avec des actions menées individuellement», a-t-il précisé.