Le groupe américain Dell (DELL) a vu son bénéfice net chuter de 32 % l'an dernier, toujours pénalisé par le marché déprimé des PC, mais ses résultats s'avèrent moins mauvais que prévu et pourraient conforter les appels à relever le prix prévu pour son rachat et son retrait de la Bourse.

Selon des résultats publiés mardi, le bénéfice net de l'exercice 2012/13 (clos fin janvier) est tombé à 2,4 milliards de dollars, contre 3,5 milliards l'année précédente. Il a également fondu au quatrième trimestre, de 31 % à 530 millions de dollars.

Le bénéfice ajusté par action, qui sert de référence au marché, a toutefois été un peu meilleur que prévu: avec 40 cents sur le trimestre et 1,72 dollar sur l'année, il dépasse dans les deux cas de 1 cent la prévision moyenne des analystes.

Le chiffre d'affaires a reculé pour sa part de 8 % à 56,9 milliards de dollars sur l'année, et de 11 % à 14,3 milliards sur le trimestre, mais là encore le marché s'attendait à pire.

Ces résultats sont parmi les derniers publiés par le groupe, qui a annoncé début février son intention de quitter la Bourse.

L'opération doit passer par un rachat de Dell d'ici fin août, pour 24,4 milliards de dollars, par son PDG et fondateur Michael Dell ainsi que le fonds Silver Lake.

Certains actionnaires jugent toutefois insuffisants les 13,65 dollars par action qu'ils proposent.

Deux fonds, Southeastern Asset Management et T. Rowe Price Associates, qui détiennent respectivement 8,5 % et 4,4 % du capital, ont notamment exprimé leur désaccord sur l'opération, qui selon eux sous-évalue la valeur de Dell.

Ces prises de position semblent clairement destinées à obtenir un relèvement de l'offre de rachat, sur laquelle semble aussi parier le marché: l'action évolue depuis plus d'une semaine au-dessus du prix proposé et s'appréciait encore de 0,18 % à 13,83 dollars mardi vers 18 h 15, dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York.

Pour la banque Jefferies, «les chances d'une offre plus élevée sont maintenant supérieures à 50 %», avec «le prix le plus probable et juste autour de 15 dollars par action».

«Les résultats meilleurs que prévu signifient que la chose juste à faire, à notre avis, est de relever l'offre à un prix où les actionnaires actuels tirent un certain bénéfice, tandis que le consortium qui rachète a la perspective d'un rendement respectable», indiquent ses analystes dans une note à leurs clients.

«Sur le papier, les résultats meilleurs que prévu pourraient soutenir l'idée d'une valorisation plus élevée», dit aussi à l'AFP Andrew Butler, un analyste du cabinet Gartner. «Mais si on est réaliste, la direction de Dell aura eu une bonne idée des résultats anticipés avant d'annoncer le prix de rachat» et pourrait donc argumenter qu'ils «étaient pris en compte» dans l'offre et «qu'aucun changement n'est vraiment nécessaire», ajoute-t-il.

Si Dell veut quitter la Bourse, c'est notamment pour se consacrer plus sereinement à sa transformation sur le long terme, sans s'occuper du regard des boursiers qui scrutent actuellement tous les trimestres ses performances financières.

Michael Dell n'a pas participé mardi à la traditionnelle conférence avec les analystes, et le directeur financier, Brian Gladden, est resté très discret sur le retrait de la cote, se bornant à confirmer que le groupe ne livrait en conséquence aucune prévision pour l'exercice en cours.

«Nous continuons à réaliser notre stratégie sur le long terme», a-t-il assuré.

Dell peut notamment se féliciter d'une progression de 18 % au quatrième trimestre du chiffre d'affaires dans les serveurs, qu'il a beaucoup renforcé ces dernières années avec plusieurs acquisitions.

Son chiffre d'affaires dans les PC de bureau a en revanche encore baissé de 14 % à 3,2 milliards, et les activités «mobilité», qui incluent les ordinateurs portables, enregistrent une chute de 25 % à 3,7 milliards.