Il faut souhaiter que le rebond de la production industrielle américaine après le passage de l'ouragan Sandy aura ravivé aussi l'activité manufacturière canadienne.

Elle en a bien besoin, si on se fie au recul de 1,4% (soit 676 millions) des ventes des fabricants en octobre, qui fait suite à la stagnation observée en septembre par Statistique Canada.

Douze des 21 segments accusaient des reculs. Le plus important étant observé dans la composante aérospatiale, la plus instable de toutes. Sa chute de 25% fait ainsi suite à un bond de 37% en septembre.

Hormis l'aérospatial, les ventes des fabricants étaient aussi en baisse.

Exprimé en volume, le repli atteint 2,4%. Il s'agit du plus important depuis janvier, qui s'ajoute à celui de 0,1% en septembre.

D'octobre à octobre, les ventes des fabricants canadiens augmentent à peine de 0,1%. «La donnée d'octobre devient inquiétante, estime Audray Azoulay, directrice affaires publiques et relations gouvernementales chez les manufacturiers et exportateurs du Québec. Après 33 mois consécutifs ancrée en territoire positif, la croissance annuelle des ventes manufacturières est maintenant sur le point de passer de l'autre côté de la clôture.»

Exprimées en volumes toutefois, la progression s'élève à 0,9%.

À l'échelle provinciale, c'est surtout l'Ontario qui écope avec un recul de 3,4%. La province voisine subit le choc aérospatial ainsi qu'un deuxième repli d'affilée du segment automobile depuis le sommet d'août. La faiblesse des ventes était généralisée avec des replis observés dans 17 segments sur 21. Le recul d'octobre est assez important pour que, sur une base annuelle, les ventes des fabricants ontariens soient désormais en territoire négatif.

Au Québec, les ventes ont reculé d'à peine 0,1%. Il faut souligner toutefois que, sur une base annuelle, elles sont en territoire négatif pour un quatrième mois d'affilée.

La baisse des ventes a entraîné un stockage accru, sans doute en partie non désiré. Les stocks ont augmenté de 1,3% pour s'établir à 66,2 milliards, le niveau le plus élevé depuis janvier 2009 alors que la récession faisait rage. Le sommet a toutefois été atteint durant l'été 2008, juste avant la contraction de l'économie.

Le ratio des stocks aux ventes est passé de 1,32 à 1,36, le niveau le plus élevé depuis juin 2011. Cela présage d'un ralentissement de la production à moins d'une reprise soudaine de la demande. Ce n'est toutefois pas ce que paraît indiquer la valeur des nouvelles commandes qui a fléchi de 0,6% par rapport à septembre.

«Il est difficile de voir du potentiel, si ce n'est la recrue d'activité dans l'assemblage de véhicules aux États-Unis en novembre, ce qui est de bon augure pour les manufacturiers de pièces canadiens», note Marc Pinsonneault, économiste à la Banque Nationale.

Chez nos voisins, la production industrielle, qui englobe le secteur manufacturier, les services publics et l'exploitation minière, pétrolière et gazière, a bondi de 1,1% après un recul de 0,7% attribuable en partie à l'ouragan Sandy qui a balayé le nord-est des États-Unis les 30 et 31 octobre, a indiqué la Réserve fédérale.

L'apport du secteur manufacturier est de 1,1%, ce qui laisse présager que ses fournisseurs canadiens ont sans doute accru leurs ventes le mois dernier. Le segment automobile a notamment bondi de 4,5% et retrouvé son niveau d'avant la récession.

Autre lueur d'espoir pour les fabricants et exportateurs canadiens, la production manufacturière augmente pour un deuxième mois d'affilée en Chine, selon des données préliminaires.

En attendant, les chiffres d'octobre et la révision à la baisse de ceux de septembre indiquent que la production canadienne de biens continuait de battre de l'aile au début du présent trimestre.

La variation du produit intérieur brut mesurée par industrie sera connue vendredi prochain.

Valeur des ventes des fabricants

> Canada

Octobre: -1,4%

Variation annuelle: 0,1%

> Québec

Octobre: -0,1%

Variation annuelle: -1,9%