Les géants japonais Sony et Panasonic ont été relégués jeudi en catégorie «spéculative» par l'agence de notation Fitch, qui a sanctionné ces fabricants d'électronique jadis tout-puissants mais aujourd'hui en difficulté financière.

Fitch a abaissé la note de la dette à long terme de Panasonic à «BB» et celle de Sony à «BB-», leur attribuant respectivement les 12e et 13e notes de son échelle de 22 crans. L'agence a maintenu la «perspective négative» de ces estimations, ce qui signifie qu'elle pourrait de nouveau les dégrader à moyen terme.

Elle est la première des trois grandes agences de notation à punir aussi gravement ces deux poids lourds de l'électronique, symboles dans les années 80 de la puissance industrielle japonaise, capables de s'offrir à l'époque les studios de cinéma Columbia (Sony) et Universal (Panasonic) à coup de milliards de dollars.

Les deux autres grandes agences, Moody's et Standard & Poor's, ont aussi récemment abaissé les notes de chacun d'entre eux, mais les ont maintenues jusqu'à présent - de peu - en catégorie «investissement».

Fitch a souligné que Panasonic comme Sony peinaient à rester compétitifs sur leurs marchés centraux, comme celui des télévisions, et qu'ils subissaient une conjoncture économique difficile aggravée par la vigueur du yen, qui leur rend insupportable la concurrence des fabricants étrangers, notamment sud-coréens.

La montée du yen depuis cinq ans réduit la valeur des ventes des sociétés nippones à l'étranger, une fois converties en monnaie japonaise.

Les deux groupes ont subi des déficits nets catastrophiques l'an passé, équivalents à 4,3 milliards d'euros pour Sony et à 7,3 milliards d'euros pour Panasonic qui redoute une perte nette équivalente pour l'exercice en cours, alors que Sony espère repasser légèrement dans le vert.

Mais dans les deux cas, l'agence ne s'attend pas à un rétablissement rapide de leurs profits, malgré leurs efforts de restructuration.

Panasonic, dont les activités vont des télévisions aux batteries électriques, en passant par les machines à laver et les panneaux solaires, a sabré ses effectifs mondiaux de pas moins de 63.000 personnes en deux ans et demi (16% du total), les ramenant à 322 000 fin septembre.

D'après Fitch, cette restructuration drastique «va aider à progressivement rétablir les marges» du groupe, mais l'agence a prévenu que ces progrès pourraient être entravés par «les mauvaises performances des produits et composants électroniques» de Panasonic.

Sony a ciblé de son côté des secteurs stratégiques à doper (téléphonie mobile, jeu vidéo) ou à développer (équipements médicaux). Il a parallèlement commencé à se délester d'activités jugées moins nécessaires (chimie) et à restructurer drastiquement d'autres qui perdent de l'argent, en premier lieu la fabrication de télévisions.

Fitch a jugé que ces initiatives allaient «dans le bon sens», mais ajouté que le rétablissement espéré pourrait être menacé par la mauvaise conjoncture mondiale.

Plus grave, l'agence a estimé que le fleuron de l'électronique nippone avait «perdu son avance technologique», qui avait fait ses beaux jours avec des produits novateurs comme le téléviseur à tube Trinitron, le Walkman et le Compact Disc (en association avec Philips).

Sony a, comme son éternel concurrent nippon, Panasonic, pris du retard du côté des téléphones intelligents et autres appareils nomades informatisés, qui ont porté au firmament certains de leurs concurrents, comme l'américain Apple et le sud-coréen Samsung.

Le mastodonte nippon a toutefois récemment racheté à son partenaire suédois Ericsson les parts qu'il détenait dans leur coentreprise de téléphone mobile.

Désormais doté d'une gamme de téléphones multifonctionnels lui appartenant à part entière, Sony espère prendre le train en marche pour intensifier les synergies entre ses supports (télévisions, appareils nomades, consoles de jeux) et ses offres de contenus (cinéma, musique et jeu vidéo), domaines où il dispose d'un panel complet.