Bien des choses ont changé et, en même temps, pas tant que cela chez Research In Motion (T.RIM), dans les 12 derniers mois. À l'approche de l'assemblée annuelle des actionnaires, qui se tient aujourd'hui à Waterloo, en Ontario, retour sur la situation d'il y a un an.

> Sur le blogue de Sophie Cousineau: La grande messe de RIM

Le 12 juillet 2011, «les actionnaires, anxieux de connaître les projets de la société, ont rempli une salle de 200 sièges, ce qui en a forcé plusieurs à assister à la rencontre debout alors que certains étaient massés autour des portes», a rapporté La Presse Canadienne. Parmi eux, sans doute, des employés craignant pour leurs emplois. De fait, 2000 perdront leur job dans les semaines suivantes. Une autre vague emportant le tiers des effectifs a été annoncée, il y a deux semaines.

Le cochef de la direction de RIM, Jim Balsillie, avoua aux actionnaires mécontents que l'entreprise faisait face à d'importants défis. Jim Balsillie et Mike Lazaridis partageaient encore les fonctions de chef de la direction et président du conseil. L'entreprise a été restructurée depuis autour d'un seul homme, Thorsten Heins, comme souhaité par certains investisseurs institutionnels.

Les deux gestionnaires devaient répondre à une vague de critiques et de la perte de la moitié de la valeur des actions de l'entreprise. À 30$ pièce, elles feraient par contre aujourd'hui le bonheur des épargnants. Elles s'échangeaient en baisse de 5%, à 7,80$, en clôture hier, en recul de près de 75% en un an. L'ancien fleuron ne pèse plus que 4,1 milliards de dollars en Bourse.

M. Balsillie annonça le «plus important lancement de produits de son histoire». Selon lui, le lancement de sept nouveaux téléphones intelligents BlackBerry utilisant le nouveau système d'exploitation devait permettre à l'entreprise de maintenir le cap sur ses prévisions financières pour l'exercice. Objectif raté avec au final une baisse de 7,4% des revenus et de 34% des profits.

Aujourd'hui, aux prises avec un recul marqué de ses parts de marché devant Apple notamment, Thorsten Heins compte sur le lancement du nouveau système d'exploitation BlackBerry 10, par ailleurs reporté à l'année prochaine. «L'équipe de développement de RIM est concentrée sur la qualité et la fiabilité de la plateforme et je ne ferai aucun compromis pour livrer le produit avant qu'il ne soit fin prêt», a posé M. Heins au cours de la présentation des résultats financiers catastrophiques du premier trimestre du nouvel exercice, lesquels virent l'entreprise plonger dans le rouge foncé.

Le profil de l'actionnariat de Research In Motion a quelque peu varié depuis la dernière assemblée. La société américaine Primecap Management, faisant preuve d'une grande confiance, a doublé sa participation à 5,3%, ce qui en fait le deuxième actionnaire en importance. Le cofondateur Michael Lazaridis demeure le plus important actionnaire avec près de 5,7% des actions. Son partenaire James Balsillie est relégué au troisième rang avec 5,1% du capital.

Déjà, en juillet 2011, quelques observateurs éclairés avaient évoqué la possibilité que l'entreprise soit scindée en deux entités distinctes (le réseau de 78 millions d'abonnés, d'une part, et les téléphones, de l'autre). «Scinder l'entreprise en deux peut causer des perturbations. Mais le statu quo comporte encore plus de risques», avait écrit Mike Abramsky, analyste chez RBC.

La question est toujours dans l'air au moment où l'entreprise dit poursuivre «activement» avec ses conseillers financiers l'analyse des meilleurs moyens pour mettre en valeur ses éléments d'actif. Ces scénarios incluent aussi la mise en vente totale de l'entreprise de Waterloo. L'absence de toute offre depuis est par ailleurs «inquiétante pour ne pas dire davantage», selon l'analyste Alexander Peterc, d'Exane BNP Paribas.

Au moins une question n'est plus dans l'air cette année: l'achat d'une équipe de la Ligue nationale de hockey auquel le coprésident Jim Balsillie avait consacré de nombreux efforts.

À lire demain dans La Presse Affaires, le reportage de Sophie Cousineau à l'assemblée des actionnaires de RIM à Waterloo, en Ontario.