Son nom: Uwe Schoenbeck. Son titre: scientifique en chef et responsable de la recherche et du développement externe chez Pfizer (PFE). Sa mission: signer des ententes de collaboration avec des centres de recherche et des entreprises de biotechnologies pour aider Pfizer à découvrir de nouveaux médicaments.

M. Schoenbeck, qui ratisse la planète à la recherche de projets prometteurs pour la multinationale, a passé trois jours à Montréal la semaine dernière pour y rencontrer l'élite scientifique et entrepreneuriale de la province en sciences de la vie.

Son verdict?

«La science académique est excellente, a confié M. Schoenbeck à La Presse Affaires. Nous avons déjà trouvé des intérêts de recherche qui correspondent à ceux de Pfizer.»

Il se montre plus nuancé sur les opportunités de partenariats offertes par nos entreprises de biotechnologies.

«Je crois que le secteur biotechnologique est bon. Nous ne nous attendions pas à ce que ce soit comparable à des endroits comme Boston, San Francisco ou La Jolla (près de San Diego, en Californie), mais je crois que c'est clairement en évolution», a-t-il dit.

Externaliser la recherche

Le métier de M. Schoenbeck illustre à lui seul le fameux «nouveau modèle» mis sur pied par les grandes pharmaceutiques de la planète pour s'intéresser à la science qui se fait hors de ses murs.

Ce modèle a été adopté pour contrer un problème majeur: au cours de la dernière décennie, malgré des budgets de recherche toujours plus costauds, les géants de l'industrie ont réussi à commercialiser de moins en moins de nouveaux médicaments.

D'où l'idée de cesser de compter uniquement sur les laboratoires internes pour accoucher de découvertes et d'aller voir ce qui se fait ailleurs.

«Nous ne pouvons plus, et nous ne voulons plus, faire les choses seuls», a dit clairement M. Schoenbeck.

Évaluation des lacunes

Chez Pfizer, la stratégie a pris la forme d'une équipe d'une vingtaine de chercheurs d'expérience qui évaluent les lacunes de l'entreprise à l'interne, puis tentent de les combler en allant chercher la science qui manque à l'externe.

Cette équipe, dirigée par M. Schoenbeck, dispose de plusieurs outils pour acquérir ce qui lui fait défaut. Elle peut signer des ententes avec des chercheurs universitaires pour mener des projets conjoints, acheter des licences sur des technologies ou carrément acquérir les petites entreprises prometteuses qui ont accouché de découvertes intéressantes. Cette équipe travaille étroitement avec les employés de Pfizer basés dans ses filiales de partout dans le monde, qui sont bien au fait des réalités locales.

Au Québec, Pfizer a ainsi investi 55 millions depuis 2005 en partenariats divers, la plupart avec des universités, des centres de recherche et des consortiums dédiés à trouver de nouveaux médicaments.

«L'approche est beaucoup plus structurée qu'auparavant, explique M. Schoenbeck. Aujourd'hui, notre équipe évalue quels sont nos besoins scientifiques pour les 12 prochains mois. On fait ensuite des efforts importants pour faire connaître nos besoins à l'extérieur.»

Trois centres de recherche

L'immunologie, les maladies cardiovasculaires, l'oncologie, les vaccins, la neuroscience, les biosimilaires et les maladies génétiques font partie des domaines où Pfizer a des forces en recherche et souhaite acquérir des technologies pouvant renforcer son expertise. L'entreprise se montre toutefois ouverte à bien d'autres domaines de recherche.

Pfizer a aussi mis sur pied récemment trois centres bien spéciaux où des scientifiques de l'entreprise et de l'extérieur travaillent ensemble sur des projets communs. Ils sont situés à Boston, à New York et en Californie. Montréal peut-il espérer en voir un débarquer un jour sur son territoire?

«Nous devions décider si on étendait ce modèle internationalement ou si on le testait d'abord sur quelques sites, répond M. Schoenbeck. Nous avons décidé de tester d'abord ces trois sites. Si ce modèle se révèle prometteur, je crois qu'il y aura un fort intérêt à étendre le concept.»