La production de biens a reculé de 1,0%, ce qui a plus qu'effacé l'avancée modeste de 0,1% de la production de services.

Au final, le produit intérieur brut réel a reculé de 0,2% en février, a indiqué Statistique Canada hier. La plupart des économistes avaient misé plutôt sur une avancée de 0,2%.

Il s'agissait de la première contraction de l'économie depuis novembre et la plus importante en 10 mois. De février à février, le rythme d'expansion a été contenu à 1,6%.

Du côté des biens, qui représentent un peu moins de 30% de la taille de l'économie, seule la construction a pris de l'expansion, avec un gain de 0,5%.

L'important segment de la fabrication enregistre un recul de 1,2%, l'extraction minière, pétrolière et gazière s'est repliée de 1,6% tandis que les services publics, qui regroupent la distribution électrique et le transport d'hydrocarbures, ont plongé de 1,9%. En outre, la production agricole a aussi perdu 1,0%.

«Le recul de 1,2% de la production manufacturière est le fait saillant de ce rapport, évalue Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins. C'était le pire en près de trois ans.»

Plusieurs facteurs exceptionnels peuvent expliquer cette baisse quasi généralisée de la production de biens.

Un accident de travail a ainsi forcé la fermeture d'une mine de nickel et de cuivre dans la région de Sudbury.

Un surplus de stocks a entraîné l'arrêt de production d'une mine de potasse, ce qui a fait plonger la production d'or rose de 19%. Un contrat qui vient d'être signé avec la Chine est susceptible cependant d'avoir relancé la production en avril.

Le temps exceptionnellement doux a ralenti la consommation d'électricité à des fins de chauffage.

Du côté des services, des gains ont été observés dans le commerce de gros, les intermédiaires financiers et les soins de santé.

«L'accès de faiblesse était généralisé, résume Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale. De fait, seulement 4 secteurs sur 18 ont enregistré une hausse en février, ce que nous n'avions vu qu'une seule fois au cours des 15 dernières années, à savoir pendant la dernière récession.»

Fait plus inquiétant peut-être, février a aussi été marqué par une montée de la valeur des stocks qu'il faudra bien écouler avant de véritablement relancer la production. «Cela pourrait se traduire par un autre trimestre faible au printemps», prévient Derek Holt, économiste principal chez Scotia Capitaux.

Avec deux mois de données sur trois, l'acquis de croissance du premier trimestre est seulement de 1,2% en rythme annualisé. La prévision de 2,5% de la Banque du Canada, déjà plus optimiste que le consensus des économistes financiers, paraît difficilement atteignable.

Du coup, les parieurs qui avaient misé sur une hausse du taux directeur dès cet été devront revoir leur gageure. À un rythme de moins de 2%, la croissance n'est pas assez soutenue pour fermer l'écart de production et rapprocher le rythme de croissance de l'économie de son plein potentiel.

Cela dit, les circonstances particulières de février permettent d'espérer qu'il y a eu rebond de la production en mars. La très forte création d'emplois (quelque 82 000 selon les chiffres de l'Enquête sur la population active) accrédite l'hypothèse d'un retour à la croissance.