Une version fonctionnelle d'ici à la fin de la semaine: c'est la course de programmation informatique dans laquelle se sont engagés Ronny Falk et Daniel Beitler, deux informaticiens montréalais qui veulent profiter des nouvelles données rendues publiques par la Société de transport de Montréal (STM) pour créer leur propre application mobile destinée aux usagers.

«On veut être les premiers», lance Ronny Falk, un ingénieur de 33 ans qui a fait son «bye-bye boss» récemment pour se lancer à son compte.

Ce qui le fait courir actuellement est simple: après des années de pression, la STM a accepté la semaine dernière de publier tous ses horaires de métro et d'autobus sous forme de données normalisées facilement utilisables par les programmeurs. Il n'en fallait pas plus pour que les bidouilleurs de la ville se mettent à leurs claviers.

Ronny Falk et Daniel Beitler, par exemple, veulent utiliser les fonctions de localisation géographique des appareils mobiles pour renseigner les usagers sur les arrêts d'autobus et les stations de métro les plus près et les heures des prochains départs. Ils planchent aussi sur des calculateurs de trajet capables d'intégrer BIXI et transports en commun dans le même voyage. Marché visé: les utilisateurs de téléphones Apple et Androïd.

Ronny Falk convient que bien des programmeurs courent probablement les mêmes lapins actuellement. «Les applications qui auront les meilleures fonctionnalités et la meilleure présentation visuelle gagneront la faveur des usagers», prédit-il.

Selon la STM, la section «développeurs» du site a déjà accueilli plus de 1700 visiteurs uniques depuis la semaine dernière.

Le chaînon manquant

L'organisme Montréal Ouvert, qui milite pour l'accès aux données informatiques, s'est réjoui de voir la STM enfin bouger sur ce dossier.

«C'était le chaînon manquant», dit Jonathan Brun, cofondateur de Montréal Ouvert, qui rappelle que les sociétés de transport de Longueuil et de Laval ainsi que l'Agence métropolitaine de transport avaient déjà permis l'accès à leurs données.

Les informations sont fournies en format GTFS (pour General Transit Feed Specification), une norme utilisée partout dans le monde et compatible avec une myriade d'applications déjà créées. Notons que la STM fournissait des données sous cette forme à Google depuis 2008 pour ses calculateurs de trajet en ligne.

Si Montréal Ouvert se réjouit de ce «premier pas», l'organisme déplore toutefois les conditions d'utilisation imposées par la STM, qui avertit par exemple qu'elle peut cesser n'importe quand la publication des données.

«Pour quelqu'un qui investit du temps et de l'argent pour développer des applications, ce n'est pas rassurant», dit Jonathan Brun.

Marianne Rouette, porte parole à la STM, affirme que l'ouverture des données annoncée la semaine constitue une  « une première étape ». L'organisation souhaite notamment déployer en 2014 un vaste système GPS qui permettra de connaître la position des autobus en temps réel. La STM compte offrir à la communauté les données fournies par ce système en 2015.