Le géant américain eBay (EBAY) s'oppose à la nouvelle loi québécoise interdisant la revente de billets à un prix supérieur. L'entreprise californienne vient de s'inscrire au registre des lobbyistes pour convaincre Québec de revenir sur sa décision.

Dans son inscription, l'entreprise dit vouloir «s'assurer que les consommateurs soient en mesure de revendre leurs billets à un prix supérieur au prix original». Le site d'enchères a beaucoup à perdre avec cette nouvelle loi, qui doit entrer en vigueur d'ici au 21 juin. Des dizaines d'internautes utilisent quotidiennement ses services pour revendre des billets pour les salles de spectacle québécoises.

De plus, eBay possède le plus important site de revente de billets, StubHub, dont les revenus annuels sont évalués à 325 millions de dollars. Hier après-midi, le site offrait pas moins de 659 billets pour assister aux deux dernières parties de la saison du Canadien au Centre Bell, demain soir contre le Lightning de Tampa Bay et samedi contre les Maple Leafs de Toronto.

L'entreprise californienne est également propriétaire du site de petites annonces Kijiji. Cette plateforme est elle aussi largement utilisée pour la revente au Québec. Plusieurs billets revendus à fort prix y sont offerts pour les spectacles de Madonna à Montréal et à Québec, les 30 août et 1er septembre prochains. Or, l'entrée en vigueur de la nouvelle loi d'ici au 21 juin forcera les vendeurs à retirer leurs annonces s'ils ne trouvent pas preneur d'ici là.

Le projet de loi 25 est largement contesté par l'industrie de la revente, dont eBay, avec ses 28 000 employés et ses ventes annuelles de 11,7 milliards, représente le plus important acteur. Quatre revendeurs contestent actuellement son adoption devant les tribunaux. De plus, au moins quatre entreprises se sont inscrites au registre des lobbyistes pour tenter de convaincre Québec de faire marche arrière. Leurs chances de succès semblent toutefois bien minces. Le projet de loi 25 a déjà été adopté en octobre et n'attend plus que la publication d'un décret, d'ici à la fin du printemps, pour avoir force de loi.

L'Office de la protection du consommateur sera responsable d'assurer le respect de la loi et compte bien l'appliquer au géant américain. «Si eBay fait des affaires au Québec, elle doit se plier aux lois du Québec. Le consommateur n'est pas en Californie, il est dans son salon», dit un porte-parole, Jean Jacques Préaux. Les contrevenants s'exposeront à des amendes de 600$ à 15 000$ pour les particuliers et de 2000$ à 100 000$ pour les entreprises. Les amendes pourront doubler en cas de récidive.