Pour la deuxième fois en autant de semaines, les prévisionnistes d'une banque canadienne révisent à la hausse leur scénario d'expansion de l'économie canadienne cette année.

Après la Banque de Montréal, c'est au tour des experts de la TD d'affirmer que la conjoncture internationale est moins inquiétante que durant l'automne et que la croissance canadienne en seconde moitié d'année va lui permettre de surfer un peu sur sa lancée.

Notre économie devrait progresser de 2,2% cette année et de 2,4% l'an prochain, estime désormais la TD. C'est un demi-point de pourcentage de plus que ce qu'elle voyait en décembre alors que faisait rage la crise de la dette souveraine européenne et que l'économie américaine donnait des signaux divergents.

Le nouveau scénario de la TD porte donc la croissance canadienne au même rythme que celui qu'elle prédit à l'économie américaine.

Selon la TD, avoir évité la faillite de la Grèce a trois conséquences: un ralentissement moins prononcé de l'économie mondiale, une demande soutenue pour les biens de base et un appétit plus grand pour le risque.

Mais peut-être, avant tout, il en résultera un plus grand dynamisme de l'économie américaine dont devrait bénéficier le Canada.

Ce sont les exportations et les investissements des entreprises qui sortent gagnants de cette conjoncture moins sinistre. Ensemble, leur contribution ajoutera 0,3 point de plus à la croissance cette année, par rapport au scénario de décembre.

Le corolaire de ces investissements accrus sera des gains de productivité qui freineront l'embauche, limitée à 15 000 emplois nouveaux par mois en moyenne. Cela maintiendra le taux de chômage aux environs des 7,5% jusqu'à la fin de l'an prochain.

En fait, seul l'apport des gouvernements entravera la croissance, car ils ont tous annoncé être entrés en mode austérité.

En janvier, la Réserve fédérale américaine a aussi indiqué son intention de garder près de zéro son taux directeur jusque vers la fin de 2014. Cela aura pour effet de contenir la volonté de la Banque du Canada de normaliser son taux directeur, par crainte de voir le huard s'apprécier davantage.

TD ne s'attend à une première hausse du taux cible de financement à un jour qu'au printemps 2013. À la fin de l'an prochain, le taux cible de financement à un jour aura doublé et atteint 2%.

Il en résultera des taux d'intérêt relativement faibles pour les coûts d'emprunt des ménages et des entreprises. Le taux d'endettement des ménages par rapport au revenu disponible, qui se situe à 150%, devrait progresser jusqu'aux alentours de 160%. C'est à ce niveau que les économies américaine et britannique ont cassé, en 2007-2008. «Nous continuons d'évoluer dans un contexte risqué, souligne Craig Alexander, économiste en chef à la TD. Nous demeurons donc prudents pour les perspectives de l'économie canadienne à court et à moyen terme.»