Les quelques entrepreneurs techno rencontrés à la foire commerciale de South by Southwest, la semaine dernière, affichaient un sourire de satisfaction. Cet événement d'une durée de quatre jours en marge du festival, et qui réunit des entreprises dans tous les domaines du numérique, est une formidable vitrine pour des entreprises en démarrage qui n'ont pas une adresse près de Silicon Valley.

«C'est la première fois que je viens ici, mais ce n'est sûrement pas la dernière», lance Alex Simionescu, président de la firme montréalaise Float4, qui a conçu l'écran interactif trônant au beau milieu du stand Planète Québec, à Austin.

«On travaille majoritairement aux États-Unis», poursuit ce diplômé de l'École Polytechnique qui, avec un ancien camarade d'université, a lancé sa petite entreprise sans aucun emprunt ni aide gouvernementale. «Comme il n'y a pas beaucoup d'entreprises spécialisées en interactivité ici, il est plus facile de se distinguer», ajoute Alex Simionescu qui, lorsque La Presse l'a rencontré à 16h, n'avait pas encore trouvé le temps d'avaler une bouchée.

Même son de cloche positif de la part de Serge Landry, président de MiraLupa, une entreprise qu'il a fondée avec deux autres associés et qui se spécialise dans la réalité augmentée. «South by Southwest c'est une belle visibilité médiatique et c'est surtout un lieu pour faire des rencontres. Mais il faut travailler fort, aller de conférence en conférence, rencontrer les gens dans les couloirs. C'est beaucoup d'énergie, mais on croit que ça en vaut la peine.»

Montréal se fait un nom

«J'ai abattu plus de travail en deux heures ici qu'en quatre jours à Montréal, affirme pour sa part Claude Théorêt, président fondateur de Nexalogy Environics, une boîte qui se spécialise dans l'extraction et l'analyse de données et qui compte parmi ses fondateurs l'auteure des Chroniques d'une mère indigne, Caroline Allard. Nexalogy Environics a remporté le premier prix à l'International Startup Festival, à Montréal l'été dernier, et vient de rendre publique la version beta de NexaMe, une application qui permet de creuser et d'analyser les informations contenues dans nos différents réseaux sociaux. «On repart d'ici avec quatre promesses de contrats», poursuit le physicien de formation, qui prédit que des outils comme le sien remplaceront sous peu les sondages d'opinion.

Les gens de la délégation québécoise étaient unanimes: Montréal est en train de se faire un nom dans l'univers de la techno. «C'est l'endroit au Canada où on trouve le plus de capital-risque et plusieurs nouveaux fonds se sont ajoutés dernièrement», souligne Claude Théorêt.

«On a doublé la capacité de Montréal Digital (MTL DGTL)», observe pour sa part Pierre Proulx, directeur général d'Alliance numérique, l'organisme à l'origine de ce festival automnal consacré aux contenus numériques interactifs.

«Le but d'être présent à Austin est justement de faire connaître l'innovation et la création montréalaises, poursuit Pierre Proulx. Nous étions en Californie avant de venir au Texas et nous avons rencontré au moins trois sociétés qui disent vouloir s'installer à Montréal. Ce qu'on entend partout c'est que Montreal rocks».

Invité à participer à une table ronde à titre de conférencier, Ghassam Fayad, président de KNGFU (Kung Fu Numerik), une boîte spécialisée dans la conception de contenus interactifs, est emballé par sa première présence au festival. «C'est le seul événement que je connais qui est à cheval sur le monde du cinéma et de l'interactivité. Pour des gens comme moi, c'est formidable», dit ce jeune entrepreneur, qui a réalisé des contrats pour Radio-Canada, l'ONF et Télé-Québec.