Le titre d'Astral Media (T.ACM.A) s'envole à la Bourse de Toronto à la suite du dépôt de l'offre d'achat du groupe par le géant des télécoms BCE (T.BCE), maison mère de Bell Canada. Vers 14h20, l'action d'Astral gagnait 33,85% (12,27 $) à 48,52 $ au TSX.

Bell met la main sur Astral

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Comme le rapportait ce matin La Presse, BCE a annoncé vendredi l'achat d'Astral Media pour 3,38 milliards de dollars, incluant une reprise de dette.

BCE a offert 50 dollars par action d'Astral Media, groupe comptant 22 chaînes de télévision et 84 stations de radio ainsi que de nombreux sites internet et plateformes publicitaires, dans le cadre d'une offre d'achat amicale.

BCE avait déjà racheté l'an dernier la première chaîne de télévision privée du Canada, CTV, qui possède un réseau de 27 stations de télévision dans tout le pays, 30 canaux spécialisés et des sites d'information internet.

L'audience de CTV est concentrée au Canada anglophone, alors que celle des stations d'Astral l'est au Québec, province francophone de huit millions d'habitants.

L'acquisition d'Astral permet donc à BCE de se positionner comme producteur de contenu télévisuel chez les «deux solitudes» canadiennes et de talonner Quebecor, numéro un des médias au Québec.

La fusion amicale avec Astral permettra à BCE de détenir 32% des parts de marché dans le secteur télévisuel au Québec pour ainsi souffler dans le cou de Quebecor fort de 35% des taux d'audience.

«Les actifs médias d'Astral au Québec sont beaucoup plus importants que ceux de Bell. Cette acquisition est donc logique pour Bell car elle leur permet d'augmenter leur compétitivité au Québec», a commenté lors d'une conférence de presse commune à Montréal, le PDG d'Astral, Ian Greenberg.

La fusion doit encore recevoir le feu vert des autorités réglementaires et en premier lieu du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), gendarme de la concentration des médias au pays.

«Notre positionnement média dans la province de Québec nous place tout près de notre principal rival... Nous pensons donc que les autorités réglementaires vont regarder la situation et se dire que la fusion augmente la compétition dans la province et à l'échelle nationale», a déclaré le PDG de BCE, George Cope.

BCE et Quebecor détiennent chacun des services d'internet par fibre optique, de téléphonie mobile, de télévisions, des journaux et des joueurs clés du divertissement.

La fusion BCE-AStral «ne touche pas à des domaines essentiels de l'information et de la vie démocratique», car les chaînes et les stations d'Astral sont concentrées dans le domaine du divertissement et non de l'information, a expliqué à l'AFP Daniel Giroux, chercheur au Centre d'études sur les médias, à l'Université Laval.

Si les autorités réglementaires empêchent ce mariage, Astral devra payer une indemnité de rupture pouvant aller jusqu'à 150 millions, selon les termes de l'accord.

Astral Media a enregistré l'an dernier un chiffre d'affaires d'un peu plus d'un milliard de dollars par année pour un bénéfice net de plus de 180 millions.

À la Bourse de Toronto, l'action de BCE était en légère baisse (19 cents ou 0,47%) à 39,87$.