L'amélioration relative de l'économie américaine au cours des dernières semaines militait pour que la Réserve fédérale (Fed) reste en touche d'ici à ce qu'elle puisse juger s'il s'agit d'une simple embellie ou d'un réel raffermissement de la croissance.

C'est donc sans surprise que son comité de politique monétaire s'est contenté hier de reconduire toutes les mesures annoncées au cours de réunions précédentes tout en prenant acte des nouvelles données économiques.

Bien que quelques investisseurs et spéculateurs aient pu souhaiter une nouvelle ronde de détente quantitative, l'annonce du statu quo, très anticipée, a été bien reçue, les grands indices boursiers nord-américains augmentant leurs gains de début de séance.

«L'économie est en expansion modérée, lit-on dans le communiqué. Les conditions du marché du travail continuent de s'améliorer; le taux de chômage a notablement reculé au cours des derniers mois, mais il demeure élevé.»

Au cours de la réunion du 25 janvier, on avait appris que les membres du comité de politique monétaire considéraient que le plein emploi se situait quand le chômage oscille dans la fourchette de 5,2% à 6%. À 8,3% le mois dernier, on est encore loin du compte et la Fed s'attend à une «baisse graduelle» du taux des chercheurs d'emploi.

La Fed prend aussi acte que les tensions sur les marchés financiers mondiaux se sont «atténuées», mais représentent toujours «des risques significatifs aux perspectives économiques».

Sur le front de l'inflation, la Fed estime que la flambée récente des prix de l'essence va stimuler «temporairement» l'inflation, qui va par la suite progresser au niveau ou en deçà de sa cible de 2%.

«Au bout du compte, les données n'ont pas assez changé pour convaincre les autorités monétaires de modifier leur politique actuelle», résume Dawn Desjardins, économiste en chef adjoint chez RBC.

Au cours de sa réunion de janvier, la Fed avait étonné à maints égards. Elle avait révisé à la baisse ses prévisions de croissance, annoncé qu'elle adoptait une cible d'inflation de 2% et, surtout, qu'elle prolongeait jusqu'à vers la fin de 2014 son engagement à conserver son taux directeur à un niveau exceptionnellement faible. Depuis décembre 2008, il oscille dans une fourchette de 0% à 0,25%.

Cet engagement avait entraîné la dissidence du président de la Fed de Richmond, Jeffrey M. Lacker. Il a remis ça hier. Le communiqué précise qu'il «ne s'attend pas à ce que les conditions économiques puissent justifier des taux exceptionnellement faibles jusqu'à vers la fin de 2014».

La Fed reconduit aussi intégralement son opération Twist qui doit prendre fin en juin. Elle consiste à troquer des obligations de courte échéance contre d'autres de plus long terme de manière à infléchir les taux d'intérêt à long terme.

Elle poursuit aussi le réinvestissement du principal et des intérêts de ses titres hypothécaires et de ses Treasuries arrivés à terme.

«Il est encore trop tôt pour la Fed de donner le moindre indice sur la suite des choses après toutes les annonces de janvier, estime Douglas Porter, économiste en chef désigné chez BMO marchés des capitaux. En outre, puisque l'économie et les marchés financiers vont mieux, il faudra sans doute une sérieuse panne de croissance pour que la Fed bouge encore.»