Semé d'obstacles, le chemin des femmes qui veulent réussir en technologie? C'est bien possible, répond Isabelle Bettez. Mais ça ne semble pas la déranger le moins du monde.

«Des obstacles, il y en a partout et tout le temps. Alors, à un moment donné, il faut en revenir. Comme je dis à mes enfants: un problème, une solution. La vie, ça marche de même.»

Celle qui parle est présidente et chef de la direction de 8D Technologies - l'entreprise derrière les terminaux sans fil à l'énergie solaire qui gèrent à la fois les bornes de stationnement et le système de BIXI.

L'an dernier, la boîte de 49 employés a décroché la 23e place du palmarès Fast 50 de Deloitte des sociétés technologiques à la plus forte croissance au pays.

Celle qui tient la barre du navire n'a pourtant rien de la mordue de techno tombée dedans étant petite. Pendant son bac en marketing et gestion internationale, elle s'était même fait une promesse: ne jamais travailler en informatique.

Mais la technologie a fini par la rattraper. Pas pour la passion intrinsèque qu'elle suscite, mais pour les possibilités qu'elle offre.

«La techno est un moyen, pas une finalité, dit Mme Bettez. Elle permet de faire des choses extraordinaires. Je crois que c'est ça qu'il faut montrer aux femmes. Aujourd'hui, des gens sur trois continents peuvent se promener en vélo libre-service. Et c'est grâce à la techno.»

Débit rapide, regard franc, idées claires et tranchées: Isabelle Bettez, de son propre aveu, n'est «pas du genre à tourner autour du pot».

C'est lors de ses premiers emplois en vente chez Xerox et General Electric qu'elle est exposée pour la première fois à la technologie. Elle laisse bientôt tout tomber pour partir, sac au dos, arpenter l'Asie. C'est au retour qu'elle décide de se lancer en affaires.

Même la maternité, obstacle à la carrière de plusieurs femmes, ne parvient pas à la freiner. Quelques semaines après avoir accouché de jumeaux, la jeune entrepreneure aménage son bureau pour les y accueillir.

«Les enfants avaient le parc dans le bureau, il y avait une poussette pour les promener. Et quand un développeur dans le fond disait: il y a un bébé qui pleure! Je lui disais: mets tes écouteurs pis code, je m'en occupe!»

Son message est simple: les «boys clubs», ça existe, ce qu'elle appelle «l'ego mâle», aussi. Mais il ne faut pas transformer l'affaire en «théorie du complot» et s'empêcher de progresser pour autant.

«Il y a toutes sortes de façons d'arriver en techno, insiste-t-elle. Est-ce que ça m'excite de développer du code informatique? Non. Ce n'est pas le choix que j'ai fait. Mais pour monter une entreprise techno, ça prend toutes sortes de compétences. Les femmes doivent garder ça en tête.»