L'an dernier, le Canada a eu besoin de 48,3 milliards de dollars d'épargne étrangère pour financer ses déficits publics et privés.

Il s'agit d'une légère amélioration de 2,6 milliards par rapport à 2010, a indiqué hier Statistique Canada. C'est tout de même le troisième déficit du compte courant d'affilée.

L'amélioration du compte courant (qui englobe les transactions internationales sur les biens, les services, les revenus de placements et les transferts) est surtout due au redressement du commerce international de marchandises qui s'est soldé par un léger surplus de 1,4 milliard, le premier depuis 2008.

Au quatrième trimestre, le déficit du compte courant s'est élevé à 10,3 milliards, soit une amélioration de 2 milliards par rapport au troisième trimestre. Il s'agissait de la deuxième baisse trimestrielle d'affilée.

En 2011, le commerce des services, qui comprend le transport, le tourisme, les services commerciaux et gouvernementaux, accuse un déficit annuel de 24,6 milliards.

Celui des revenus de placement transfrontaliers s'est creusé de 4,6 milliards de 2010 à 2011 pour atteindre 21,1 milliards. Cela est dû avant tout à la progression plus rapide des bénéfices de l'investissement direct étranger au Canada que celui de l'investissement canadien à l'étranger.

La valeur des investissements directs étrangers faits au Canada en 2011 s'élevait à 40,3 milliards, soit 4,9 milliards de moins que l'investissement direct canadien à l'étranger. Les Canadiens ont concentré leurs billes à l'étranger dans le secteur financier, qui a moins bien fait l'an dernier que celui des ressources sur lequel les étrangers misent avant tout au Canada.

Les étrangers ont aussi acheté pour 78 milliards d'obligations fédérales et provinciales. Cela crée de la demande pour le dollar canadien et explique en partie sa force relative, même si la barre des 100 milliards avait été franchie en 2010 et 2009.

«Il s'agit d'une manifestation claire de l'intérêt des investisseurs étrangers pour les entreprises et les valeurs mobilières canadiennes», estime Francis Fong, économiste chez TD.

Quand le dollar canadien avait atteint la parité en 2007, le Canada réalisait son huitième surplus du compte courant d'affilée. Paradoxalement, la force de notre monnaie aujourd'hui contribue au déficit du compte courant en entravant les exportations de biens et de services, le tourisme en particulier.

Selon des données citées par Exportation et développement Canada, la part du Canada dans les importations américaines est ainsi passée de 19,5% à un peu plus de 14%, entre 1990 et 2010.

«Malgré le prix élevé des biens de base, le compte courant canadien est dans le rouge pour la troisième année d'affilée, note Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux. La force du huard, combinée à une demande mondiale molle, suggère que le déficit du compte courant va persister pendant au moins deux ans.»

Le déficit du compte courant correspond à environ 2,8% de la taille nominale de notre économie en 2011 (dont les chiffres officiels seront connus ce matin). C'est une amélioration par rapport aux 3,1% de 2010. C'est aussi un peu mieux que le déficit américain qui correspondait à 3,1% de son produit intérieur brut (PIB) en 2011 ou que ceux de l'Italie (3,8%) ou de l'Espagne (4,0%).